Notre lettre 1142 publiée le 20 décembre 2024

NOTRE-DAME ENCORE !

LA RÉFLEXION DES VEILLEURS

QUI PRIENT DEVANT LA MAISON DIOCÉSAINE

DEPUIS 169 SEMAINES


En regardant à la télévision la cérémonie de la réouverture de Notre-Dame, je pensais à ce passage de Huysmans, dans Les foules de Lourdes, où il assassine le mauvais goût des sanctuaires de Lourdes, qui à son époque n’avaient pas encore été rendus un peu plus supportables par la patine du temps : « La laideur de tout ce que l’on voit, ici, finit par n’être pas naturelle, car elle est en dehors des étiages connus ; l’homme seul, sans une suggestion, issue des gémonies de l’au-delà, ne parviendrait pas à déshonorer Dieu de la sorte ; c’est, à Lourdes, une telle pléthore de bassesse, une telle hémorragie de mauvais goût, que, forcément, l’idée d’une intervention du Très-Bas s’impose. »

Voir le 7 décembre Notre-Dame ressuscitée, non sans doute comme au XIIIe siècle, mais au moins telle que restaurée par Viollet-Le-Duc, provoquait une grande émotion. Pourquoi a-t-on imposé à ce poème de pierre, l’outrage de ce mobilier de bronze de Guillaume Bardet pour théâtre de Brecht et surtout ces ornements clownesques de l’archevêque et de ses deux diacres conçus par Jean-Charles de Castelbajac ?

Parce qu’en France, pays de la Révolution, la doctrine de nos « élites » est qu’il faut insérer dans les joyaux de notre patrimoine architectural les plus bas et vulgairement criard de l’art contemporain. C’est ainsi que, depuis bien des années, on défigure systématiquement Paris, le Palais Royal, les cours du Louvre, la place Vendôme, la place du Panthéon, le Champ de Mars, etc., par des objets qui sont mis là, on peut le dire, pour souiller la plus belle ville du monde. Imagine-t-on de pareils sacrilèges esthétiques dans le centre historique de Rome ou à Venise ? Eh bien, à Notre-Dame, c’est notre archevêque qu’on a déguisé en vert, blanc, rouge, bleu, pour cette triste action, alors que les sacristies de la cathédrale contiennent des trésors de paramentique, notamment des ornements gothiques du XIXe siècle d’une exceptionnelle qualité.

Excusez, je vous prie, ma colère. En fait, je pourrais m’en tenir à me désoler de la platitude et à l’indigence de l’office de liturgie nouvelle imposée à notre cathédrale, au milieu duquel, il est vrai, on avait des éclairs de musique vocale et d’orgue. Mais évidemment ce qui manquait cruellement, c’est la liturgie qui si longtemps avait vécu dans Notre-Dame et l’avait fait vivre (voyez la messe pontificale de Noël célébrée par le cardinal Suhard en 1948 : http://www.ina.fr/video/VDF07000663), qui faisait cruellement défaut.

Depuis le Concile, elle a eu, il est vrai, quelques permissions de s’introduire dans la cathédrale. Le 2 juillet 1988, le jour de la publication du motu proprio Ecclesia Dei, le cardinal Lustiger lui-même célébrait une messe traditionnelle à Notre-Dame, guidé par l’abbé Henry de Villefranche, devant une foule compacte. Ou encore, le 7 juillet 2017, une messe solennelle était célébrée par l’abbé Marc Guelfucci pour le dixième anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum. Et aussi, les messes de départ du Pèlerinage de Chrétienté, le samedi de la vigile de la Pentecôte, jusqu’à ce que l’incendie ait conduit à célébrer ces messes à Saint-Sulpice.

Mais la messe traditionnelle aura-t-elle quelque occasions de s’introduire dans Notre-Dame rénovée ? La Lettre 1135 de Paix liturgique, du 6 décembre dernier, répétait une proposition faite déjà il y a deux ans par Paix liturgique : réserver dans Notre-Dame de Paris une chapelle pour le rite traditionnel, comme la primatiale d’Espagne, la cathédrale de Tolède, comprend une chapelle où est célébrée l’antique rite mozarabe. Il serait en effet normal que soit présente dans le lieu moralement central du catholicisme français la vénérable liturgie qui y fut en usage de manière immémoriale et qui est actuellement célébrée dans plus de 450 lieux de culte en notre pays.

Pour l’heure, de même que les fidèles catholiques parisiens, le jour de la réouverture de l’édifice étaient retenus à l’extérieur, sur le parvis, dans la nuit, cependant que les grands de ce monde se congratulaient dans la nef, nous aussi, veilleurs du rite romain traditionnel persécuté, nous disons le chapelet sur le pavé, devant les bureaux de l’archevêché, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30, cependant qu’à Saint-Georges de La Villette, 114 av. Simon Bolivar, XIXe, d’autres veilleurs le récitent le mercredi à 17h, et que devant Notre-Dame du Travail, 59 rue Vercingétorix, XIVe, ils le récitent le dimanche à 18h15.

Mais nous ne resterons pas éternellement dehors…


Echos de Veilles : Un passant s’arrête "Vous avez raison de demander le maintien de la liturgie traditionnelle sur Paris Je suis un fidèle de Rambouillet, une communauté à qui l’on a concédé il y a presque 15 ans une messe dominicale par mois et promis qu’après un temps d’observation ou l’on pourrait mesurer la réalité et la loyauté de notre groupe l’on nous accorderait la célébration dominicale de la messe plus régulièrement et bien à mon vif regret je pense que nous nous sommes fait complètement avoir ! et sachez le quinze après notre première demande le diocèse ne nous a pas accordé d’autres célébrations dominicales Je sais que des jeunes fidèles envisagent de lancer une messe hebdomadaire devant l’Eglise et beaucoup d’entre nous les encourageons à agir dans ce sens alors bravo pour votre constance surtout aujourd’hui qu’il fait particulièrement froid. Christus Imperat !"


En union de prière et d’amitié,

Christian Marquant

contact@veilleurs-paris.fr.

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