Notre lettre 564 publiée le 11 octobre 2016
Une première communion vraiment extraordinaire à 101 ans
Da mihi animas, cetera tolle, que l’on peut traduire : « Donne-moi des âmes et peu m’importe le reste ». Cette devise donnée par saint Jean Bosco aux salésiens est aussi celle choisie lors de son ordination sacerdotale par un tout jeune prêtre brésilien, l’abbé Domingos Sávio Silva Ferreira, membre de l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney. Et le Bon Dieu l’a entendu qui vient de lui faire la grâce de donner sa première communion à une Brésilienne de... 101 ans ! Une histoire que nous sommes heureux de partager avec vous cette semaine.La première communion de Dona Penha.
I – UNE PREMIÈRE COMMUNION EXTRAORDINAIRE
« Je souhaite me dévouer au service des âmes. Comme saint Jean Bosco, je veux me consacrer aux jeunes. Ils sont l’avenir de l’Église. Plus que quiconque, ils ont besoin de Dieu et pâtissent des attaques du monde et du milieu dans lequel ils vivent. »
Ainsi s’exprimait l’abbé Domingos Sávio Silva Ferreira en février dernier, sur Facebook, deux mois après son ordination sacerdotale advenue le 12 décembre 2015, en la fête de Notre-Dame-de-Guadalupe, patronne des Amériques, et reçue des mains de Mgr Rifan, évêque de l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney. Appelée aussi « Campos », du nom du diocèse où elle est implantée, l’Administration SJMV est, à l’échelle diocésaine, l’équivalent d’une paroisse personnelle vouée à la forme extraordinaire du rite romain. Cette sorte de diocèse personnel pour la forme extraordinaire compte près de 35 000 fidèles et une trentaine de prêtres. Et l’abbé Silva Ferreira est le tout dernier prêtre issu de ses rangs.
Comme souvent avec le plan de Dieu, toujours inscrutable par nos intelligences humaines, l’abbé Silva Ferreira – dont le prénom est celui du bien-aimé disciple de don Bosco, saint Dominique Savio ! – voulait travailler avec les jeunes et se retrouve en fait aumônier d’une maison de retraite. Sauf que c’est une immense grâce qui l’attendait dans cet établissement dédié à Notre-Dame du Carmel : le salut de l’âme de Dona Penha, une pensionnaire de 101 ans.
Comme nous l’apprend l’agence ACI Digital dans un article du 28 septembre 2016 (à lire ici), Dona Penha a rejoint la maison de retraite l’an passé. Dans la chapelle de cette maison gérée par des religieuses, la Sainte Messe est régulièrement offerte aux pensionnaires. « Dona Penha a commencé par accompagner d’autres dames aux célébrations puis, un jour, a demandé à se confesser » raconte Josiane, une des employées. « L’abbé Silva Ferreira se rendit compte qu’elle n’avait jamais communié et demanda alors aux sœurs de la préparer à recevoir la sainte communion. »
Mardi 27 septembre 2016, cette femme de 101 ans a donc eu le privilège et la grande joie de recevoir pour la première fois la Sainte Eucharistie des mains du jeune aumônier. « Tous ceux qui l’ont accompagnée ont pu se rendre compte que c’était vraiment ce qu’elle voulait. Malgré ses 101 ans, c’est une personne très lucide. Elle a préparé et reçu sa communion de tout son cœur, témoigne Josiane. Ce fut un moment merveilleux qui nous a rappelé qu’il n’est jamais trop tard pour recevoir la Sainte Eucharistie et qui nous a confortés dans la foi. »
Cet événement à tous égards extraordinaires, à commencer par la forme de la messe célébrée par l’abbé Silva Ferreira, prouve que ni le temps ni le respect humain ne peuvent avoir raison de qui recherche vraiment Dieu. Au-delà des autres pensionnaires et du personnel ayant participé à la cérémonie, cette première communion dont les photos ont été publiées sur Facebook et partagées par des dizaines de personnes a eu un grand retentissement grâce à l’article de l’agence ACI, principale agence d’information catholique du monde sud-américain.
L'abbé Silva Ferreira et ses parents durant la cérémonie de son ordination.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion, notamment lors des JMJ de Rio de 2013 et du pèlerinage international Summorum Pontificum de la même année qui accueillait Mgr Rifan, de nous attarder sur la situation de l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney. Rappelons cependant qu’elle est née de la résistance de Mgr de Castro Mayer, évêque du diocèse de Campos (État de Rio de Janeiro) de 1949 à 1981, qui refusa d’abandonner le missel traditionnel et donna naissance à une fraternité sacerdotale fidèle à la tradition doctrinale et liturgique de l’Église : l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney. Co-consécrateur avec Mgr Lefebvre des évêques de la Fraternité Saint-Pie X en 1988, Mgr de Castro Mayer eut pour successeur Mgr Licinio Rangel qui obtint, fin 2001, à la veille de son rappel à Dieu, la reconnaissance canonique de l'Union sacerdotale, érigée en une structure ad hoc : l'administration apostolique personnelle, qui est comme un diocèse regroupant les prêtres et les fidèles liés à la liturgie traditionnelle. En 2002, Mgr Rifan succéda à Mgr Rangel.
2) Dans notre récente lettre sur l’ouverture d’un apostolat traditionnel à l’Ile Maurice, nous indiquions que c’était notamment pour pourvoir un poste d’aumônier dans les hôpitaux locaux que l’évêque de Port-Louis avait fait appel à un prêtre de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ; l’une des caractéristiques de bien des prêtres dévoués à la célébration de la liturgie traditionnelle étant d’être prompts à la mission. Bien entendu cette première communion extraordinaire n’est que l’illustration de tout le travail apostolique qu’accomplit ce jeune prêtre brûlant de travailler au bien des âmes, qui a compris que la mission, commence souvent au plus près du tabernacle, là où Jésus Hostie nous appelle et nous attend.
3) Le cas personnel de cette vieille dame illustre que les ouvriers de la 11ème heure, et même ceux de la 101ème année !, auront autant de part au Royaume des Cieux que ceux de la première heure nous dit Notre Seigneur. La belle histoire de Dona Penha nous le rappelle de façon spectaculaire. Ce qui nous invite à revenir sur un thème que nous avons déjà abordé : pourquoi les diocèses ordinaires n’utilisent-ils pas des prêtres ordonnés pour la forme extraordinaire ? Ils pourraient leur confier des ministères, sinon paroissiaux, du moins « transversaux » comme des aumôneries de maisons de retraite (ou encore d’hôpitaux, d’établissements scolaires, de communautés religieuses, etc.) ? Ces prêtres pourraient en même temps être utilisés pour répondre (partiellement) aux nombreuses demandes de célébrations dans cette forme dans les paroisses. Et, allégeraient ainsi la charge des autres prêtres.