Paix liturgique

Golias fulmine. L'hebdomadaire (n°787) de cette semaine (12 au 18 octobre 2023) stigmatise la "schizophrénie vaticane" dans l'affaire Rupnik, vous savez, ce jésuite qui taquine la muse, et revendique la licence poétique pour abuser sans vergogne. "A quoi joue le Pape?" poursuit l'organe des empêcheurs de croire en rond, lorsqu'il retient le bras canonique prêt à sanctionner le chèvre-pied démasqué? Et la rage trouble l'esprit des imprécateurs. La schizophrénie, au sens clinique du terme, étouffe la liberté du jeu, et toute liberté mentale. L'autorité du grec sert la rhétorique, mais n'est pas Démosthène qui veut. Si le Pape régnant est un malade mental, il est plus à plaindre qu'à blâmer. Mais il ne peut plus gouverner l'Eglise.

Si, par contre, il jouit du pouvoir qui est le sien jusqu'à l'hybris, non pour affermir ses frères, mais pour tendre à l'envi les nerfs des uns et des autres, l'émotion du scandale rapproche pour de bon ceux que tout autre considération théologique ou morale devrait séparer, eu-égard au fiasco post-conciliaire. Et toute gouvernance cohérente est illusoire, de la part d'un nautonier aléatoire. Rappelons nous Sénèque: "Pour celui qui ne connait pas son port, il n'est pas de vent favorable". Le Pape François déçoit toute attente de bonne foi, puisqu'il ne sert qu'une seule cause, celle de son bon plaisir. Il fait souffrir Golias? Bienvenue au club ! Mais peut-il encore remplir sa mission au sommet de l'Eglise? Il revient aux Cardinaux de se saisir de ce casus belli.

Charles Maurras, cité par le colonel Rémy, disait: "Être monarchiste, c'est avoir quelqu'un à aimer". Et Maurras, après la renonciation du Comte de Chambord, dernier prétendant des Bourbons français, a aimé le Duc de Guise, premier des Orléans, sans arrière pensée. Dans la monarchie élective de droit divin qu'est l'Eglise, quel baptisé ne serait fier et heureux d'aimer le Vicaire du Christ? Mais quand l’Évêque de Rome dédaigne, après moult saillies mortifiantes pour le sensus fidei des humbles, le titre qui le légitime, comment ne pas comprendre que de cet affranchi le pire est à venir. Inutile de le confronter à ses incessantes contradictions, le pape argentin se croit, à l'instar de Protagoras, la fin et la mesure de toute chose. Le sophiste ne sert pas la vérité, il justifie l'action, et l'intérêt poursuivi. La récente ( récemment diffusée tout au moins ) réplique bergoglienne aux "Dubia", est l'occasion d'observer grandeur nature la morgue éclatante d'un despote éclairé, cherchant à moucher un vain peuple, fût-il cardinalice, excusez du peu !

Dans l'attente des conclusions d'un Synode synodant pour synodaliser en rond, et dont personne n'attend plus rien, que ce soit pour construire ou pour déconstruire, la pathétique déconfiture des diocèses alimente la haine des Ordinaires contre les "TODOS" dissonants, ceux qui maintiennent la Foi catholique, et la liturgie qui l'exprime de façon optimale. Là oû le pouvoir romain montre sa violence, et dévoile sa stérilité tout autant que sa haine de ce qui lui résiste, la preuve est publique d'une fraternité vérolée, qui trompe de moins en moins. Plus tue-l'amour que ces va-t-en-guerre, tu meurs...

A Golias, qui expose avec douleur la déception que lui suscitent les palinodies d'un autocrate, lequel n'a pas l'excuse de la schizophrénie, nous suggérons la méditation d'un philosophe dont il serait étonnant qu'il soit récusé. Dans "le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte", Karl Marx note que, faute d'être comprise, "l'Histoire se répète au moins deux fois. La première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce". Après la tragédie conciliaire, la farce synodale. Alors Golias, Macte animo, generose puer, sic itur ad astra...*

*Allez, courage, noble enfant, c'est ainsi qu'on s'élève vers les étoiles