Notre lettre 1060 publiée le 28 juin 2024

APPEL ISLAMIQUE
DANS LA CATHEDRALE DE COUTANCES
EN PRESENCE DE MGR CADOR,
L'EVEQUE DU LIEU.
QUEL EST LE PRIX DU SACRILEGE ????


Le 26 mai dernier, la « messe pour la paix » de Karl Jenkins a été chantée à la cathédrale de Coutances, y compris son deuxième morceau – l'appel islamique à la prière (Adhan) et ce en présence Mgr Cador, l'évêque de Coutances. Ce dernier, félicité ainsi que l'adjoint à la culture de Coutances de ne « pas avoir cédé aux obscurantistes » qui voulaient empêcher – les malheureux – la profanation de la cathédrale, a en réalité vendu sa cathédrale – et sa fonction – pour un plat de lentilles.

Comme nous l'expliquions dans notre lettre 1044, l'évêque de Coutances n'a pas lu – ou a délibérément ignoré – le cadre légal des concerts dans les églises, tant celui défini à Rome en 1987 ou en France à la fin des années 1990 en articulation avec la loi de 1905 qui exclut des églises tout ce qui n'est à priori pas lié au culte catholique.



Toute prise de vue, de son d'image interdite lors du concert : Mgr Cador n'assume pas

Des lecteurs de Riposte Catholique étaient présents lors du concert à Coutances et de ses préparatifs. Commencé sous de mauvais augures – à la fin de la répétition, une choriste rate une marche et retombe de la tête contre le piano, se faisant un traumatisme crânien et devant être évacuée par les pompiers – il a continué sous la surveillance d'un service de sécurité particulièrement hargneux qui s'est jeté naturellement sur les quelques spectateurs qui faisaient des prises de vues.

En effet, au début du concert, « toute prise d’image, de vue, de vidéo et de son était interdite lors du concert », sous prétexte de droits d'auteurs – et bien qu'on trouve sur YouTube plusieurs représentations dans leur intégralité de la messe pour la paix faites dans diverses occasions. De quoi avait peur Mgr Cador ?

Ce qui n'a pas empêché Riposte Catholique de publier sur sa page Telegram, quelques minutes après l'appel à la prière, des vidéos de celui-ci – l'information, c'est (aussi) une vocation.

La même page Telegram précise que « comme on le voit, les chaises tournent le dos à l’autel et la scène est au fond, sous l’orgue. Le Saint-Sacrement est dans une chapelle presque physiquement séparée de la cathédrale, au collatéral sud. Le nouvel autel est dépouillé, mais la Croix est présente sur l’autel historique au fond du chœur. L’appel à la prière musulmane va bien être chanté par un soliste ».

A la fin de la représentation, si les solistes des diverses parties ont donné leurs noms et se sont faits ovationner – il y avait près de 400 spectateurs, majoritairement âgés ou très âgés, celui qui a chanté l'appel à la prière est curieusement resté muet et anonyme.



Pour Mgr Cador, la Manche c'est le Cameroun

En répondant à un fidèle qui s'émouvait de cet appel à la prière musulman dans la cathédrale – Mgr Cador a pris exemple sur le Cameroun, ce qu'il a continué le soir même en glissant que ceux de ses fidèles qui s'opposaient à la profanation de la cathédrale lui en « ont fait moins voir que Boko Haram ».

En l'occurrence, Mgr Cador écrit « j’ai vécu moi-même plus de 20 ans au Nord-Cameroun dans une relation paisible et constructive avec les musulmans présents en grand nombre dans cette région et nous avons eu bien souvent l’occasion de nous rencontrer dans l’enceinte de nos lieux de prières respectifs.

Quand la « pandémie » du terrorisme islamique s’est développée là-bas, incarné localement par la secte Boko Haram, nous avons appris, chrétiens et musulmans confondus, combien il était important de se rencontrer et d’apprendre à écouter et à respecter les sources spirituelles de chacun pour entrer dans une véritable démarche de paix et de résistance à la folie meurtrière. C’est fort de cette expérience que j’ai fait le choix d’accueillir au sein de la cathédrale l’œuvre de Karl Jenkins dans son intégralité ».

Il est vrai que prendre exemple sur un régime autoritaire, manifestement incapable de mettre fin aux attaques meurtrières répétées de Boko Haram dans l'extrême nord du pays – et ce, depuis 2015 (!), et qui en plus, est tout aussi incapable de trouver un accord ou de mettre fin à la sédition anglophone de l'Ambazonie (Cameroun anglophone), de plus en plus violente depuis 2017, c'est un modèle d'espoir pour la France en général et la Manche en particulier. Les Bretons savent qu'à l'est du Mont-saint-Michel commence l'abîme, mais à ce point... Vraiment, cet évêque est un Cador.



Un adjoint à la culture passé de la mémoire des Juifs aux voyages en Ukraine

En réalité, c'est à la présence de Christian Savary au concert profanatoire qu'il faut s'intéresser. L'adjoint à la culture de la ville de Coutances, bien marqué à gauche, et prof d'histoire-géographie au lycée Lebrun, est un habitué des voyages mémoriels, après avoir fondé en 2004 l'association des Sentiers de la Mémoire avec ses élèves de terminale L. Ainsi en novembre 2018 le Café Pédagogique glorifie son périple avec 84 jeunes « sur les derniers pas des Juifs baltes, en passant par Riga, Vilnius, Kaunas, Treblinka, Auschwitz et Cracovie ».

Depuis février 2022, il continue les voyages – cette fois en Ukraine où il exprime la solidarité de la ville de Coutances, aux frais du contribuable normand, décidément aux poches plus larges qu'on ne le croirait. Il y est allé en juin 2022 – pas plus loin qu'une ville de l'ouest de l'Ukraine, Zhovkva, puis en avril 2023 où la Manche Libre rapporte qu'il a « ramené de Kiev un obstacle anti-char, qui deviendra un garage à vélo ».

En mars et avril 2024 il se fait mousser encore dans la presse locale au sujet d'initiatives culturelles avec des ukrainiens réfugiés en France – en revanche, il semble bien plus discret sur le fait que l'Ukraine qu'il glorifie tant est dirigée par un président dont la légitimité a échu le 20 mai dernier, faute d'élections libres ces dernières années, et que son régime glorifie les supplétifs ukrainiens des nazis – Bandera et Schukhevytch en tête – qui ont assassiné des centaines de milliers de juifs pendant la seconde guerre mondiale, notamment à Babi Yar à Kiev.

Ces supplétifs nazis ukrainiens ont aussi semé la mort et la destruction en Biélorussie voisine au cours « d'opérations anti-partisans » qui ont tourné au massacre sans limites de la population locale et des minorités – à la sortie de la seconde guerre mondiale, 2.2 millions de biélorusses ont été tués dont 715.000 juifs ; 8825 des 12.294 écoles biélorusses, 209 des 270 villes, 9200 villages, 10.000 fermes et kolkhozes, 5000 théâtres, la quasi-totalité des universités, bibliothèques et musées ont été détruits, dont une grande partie dans le courant des opérations anti-partisans.

Et Christian Savary, qui emmenait en 2018 ses élèves sur les traces du calvaire des Juifs baltes soutient aujourd'hui ouvertement un gouvernement ukrainien qui glorifie l'action des supplétifs des nazis en Ukraine de la seconde guerre mondiale, leur élève des monuments, nomme des rues en leur honneur, honore leurs actions dans ses manuels scolaires, équipe des unités où symboles nazis et runes abondent tant dans les tatouages des hommes que sur les insignes et les drapeaux. Etonnant...



Le diocèse de Coutances : mal géré, endetté, avec une armée mexicaine d'employés

En juillet 2023 le diocèse est secoué par l'affaire du Carmel d'Avranches – les religieuses, écœurées par une visite canonique qui vise à faire fermer leur communauté, à disperser les sœurs et à rétrocéder les bâtiments au diocèse pour qu'il les vende, mettent à la porte le visiteur canonique. Le diocèse, alors géré par le vicaire général Thierry Anquetil – Mgr le Boulc'h est nommé à Lille depuis avril – leur retire son aumônier et prive les religieuses de messe. Celles-ci, défendues par une association locale et leur avocat civil, tiennent bon. Elles finissent par échapper à la fermeture et retrouvent la messe.

A ce moment Riposte Catholique publie les comptes du diocèse de Coutances, en rappelant que le diocèse avait déjà essayé de forcer la destruction de l'église Saint-Germain le Scot à Barneville-Carteret, qui lui appartient, afin de vendre le terrain – constructible – qui la porte – dans une folle quête d'argent pour renflouer le tonneau des Danaïdes.

Comme le note Riposte Catholique, « en 2021 le diocèse arrive à un résultat net de 661.000 euros…mais le résultat d’exploitation reste négatif (-35.790 euros), néanmoins le résultat d’exploitation avant impôts, est, lui, positif (+233.371 euros) ; en 2020 toujours, 17 millions d’euros sont placés, pour 6 millions d’euros de dettes et d’emprunts divers et 450.000 euros d’actifs financiers immobilisés notés comme “prêts“ ; le diocèse attire des dons : en 2020, 536.000 euros de legs, 1.8 millions d’euros de dons manuels, 737.000 euros d’autres dons, soit 3 millions d’euros de “ressources liées à la générosité du public”… mais en face il y a 2.9 millions d’euros de frais de fonctionnement ».

Ces frais sont en partie liés à une masse salariale très conséquente – 40 salariés en 2020, 43 en 2021 ; comme le rappelle la publication, « pour rappel, il y a dans le diocèse de Montauban 9 salariés en tout dont un cadre, et dans la plupart des diocèses de la même strate, entre 20 et 30 salariés ».



Parmi ces salariés, « le nouvel économe diocésain, depuis 2020, et ancien DAF des scouts d’Europe (2010-18), Olivier Jourdan – en pointe dans le projet de désacralisation et de démolition de l’église de Saint-Germain le Scot de Barneville-Carteret pour en vendre ensuite le terrain, il n’a pas réussi à convaincre les riverains qui se sont constitués en association et ont fait échec à ce funeste projet… d’après le diocèse, l’église était toute proche de s’effondrer. Quatre ans plus tard et malgré un entretien inexistant, elle est toujours debout et a survécu à l’évêque, Mgr le Boulc’h, parti à Lille ».

Il est toujours économe diocésain. Et depuis, les comptes 2022 ont été publiés : le diocèse, cette année, a un « résultat net négatif de 667.940 euros », nous apprend la première page du rapport des commissaires aux comptes, a reçu pour 790.000 euros de biens légués destinés à être cédés, et a très logiquement des capitaux propres en baisse – 29.6 millions d'euros fin 2021, 28.9 millions d'euros fin 2022, héritage sans cesse amoindri de l'époque des vaches grasses. 

Il y a toujours 43 salariés dont 5 cadres, 5.3 millions d'euros d'emprunts auprès de banques (300.000 euros de plus sur l'année), 2.1 millions d'euros d'emprunts et dettes financières diverses, 313.000 euros de dettes auprès de fournisseurs (190.000 euros de moins sur l'année), 123.000 euros de dettes issues de legs, 322.000 euros de dettes fiscales et sociales, 170.000 euros d'autres dettes... bref 8.4 millions d'euros de dettes en tous genres.

En face, le diocèse a collecté 2.4 millions d'euros en legs (+300.000 euros sur un an), 1.3 millions d'euros en mécénats et 1.7 millions d'euros en dons manuels (-300.000 euros sur un an), autrement dit via le denier du culte et les casuels ; vendu pour 480.000 euros de biens (+14.000) et 939.000 de services (+263.000), signant tout de même un résultat d'exploitation négatif de 44.719 euros, un peu plus que l'année précédente (-35.790 euros).

Les charges financières explosent – notamment les dotations aux amortissements, dépréciations et provisions, passant de 37.000 à 705.000 euros. Les frais de fonctionnement aussi, 800.000 euros de plus sur un an à 3.3 millions d'euros.

Bref, tout est prêt pour que le diocèse cherche de l'argent partout où c'est possible, et fasse encore n'importe quoi pour en rentrer. D'autant que Monseigneur arrive avec une feuille de route que d'autres lui ont soufflé – écarter les plus jeunes prêtres du sud du diocèse qui sont classiques, voire en soutane, et qui ont apporté depuis quelques années un fragile renouveau dans la région de Coutances, une augmentation des fidèles, et donc du casuel. Eteindre la lumière en bouchant quelques trous financiers pour faire illusion – et continuer à faire carrière ailleurs.



Le prix du sacrilège : profaner une cathédrale pour vendre, enfin, le centre d'accueil diocésain aux pouvoirs publics ?

En fait, le sacrilège de la cathédrale a un prix. Et celui-ci est de 1.7 millions d'euros. A quelques 300 mètres de la cathédrale à vol d'oiseau, le diocèse possède encore une moitié de l'ancien grand séminaire – l'autre avait été vendue en 1983 à la ville de Coutances qui y avait installé divers bureaux, la médiathèque etc. Eudiste avant la Révolution – une fresque dédiée à saint Jean Eudes décore toujours l'ancien réfectoire – puis sulpicien au XIXe – ce sont eux qui reconstruisent les bâtiments en 1853-1874, il ferme en 1971.

Le diocèse installe dans la partie qui lui reste – avec une grande chapelle – ses bureaux, les archives (notamment dans la crypte et un collatéral de la chapelle, les réserves étant dans des pièces du cloître), la maison de retraite diocésaine, un centre d'accueil avec des chambres certes spartiates, mais rénovées au fur et à mesure, une cantine etc.

Néanmoins avec la construction d'une maison de retraite diocésaine près de l'ancien Carmel où se trouve la communauté nouvelle Réjouis Toi – connue pour les confessions scandaleuses de l'ex-évêque Mgr Santier, et ses abus tant spirituels que sexuels – les dix derniers prêtres en résidence ont déménagé courant 2020 et le centre d'accueil s'est trouvé vide.

En vente depuis fin 2015 pour 3.5 millions d'euros sans la chapelle et les archives, il n'a pas trouvé preneur – la mairie a cherché sans succès à trouver un partenaire pour exploiter comme hôtel les trois étages supérieurs, mais le Covid, ainsi que les nombreuses contraintes du bâtiment, ont fait capoté l'affaire. Le diocèse s'est retrouvé chargé de l'imposant bâtiment, vide, qui connaît régulièrement des intrusions, et dont certaines parties s'effondrent – le faux plafond près du réfectoire notamment.

En février 2023 une petite partie, accessible depuis la rue Daniel, a été concédée à la coopérative des Sept Vents qui y installe un coworking – mais début 2024 son avenir est menacé. Les lieux sont très difficiles à chauffer et donc inexploitables l'hiver.

Néanmoins, coup de théâtre ! Mi mai 2024, l'on apprend que la communauté de communes s'intéresse aux bâtiments, pour regrouper des bureaux et des services éparpillés sur son territoire, et les revendre. Le prix d'acquisition est dévoilé, le 16 mai par Ouest-France : 1.7 millions d'euros. Moitié moins qu'en 2018.

Et l'affaire se fera – non seulement le diocèse s'est couché sur le prix, mais il a laissé souiller sa cathédrale. Pour des motifs ouvertement crapuleux.

Cet évêque est, décidément, un vrai Cador.

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