Notre lettre 1127 publiée le 15 novembre 2024

MGR DIARMUID MARTIN

UN PORTRAIT EN DEMI-TEINTE

D'UN VISITEUR APOSTOLIQUE

QUI A DECLARÉ LE PAPE JEAN-PAUL II

COUPABLE DE "MAUVAISE THÉOLOGIE"

« C'était l'un des problèmes.
Après le Concile Vatican II,
les gens ont dit que le droit canon
ne devait pas être punitif,
mais qu'il devait réhabiliter les gens »,

« Et ils (les dirigeants de l’Église)
ont fait exactement
ce qu’il ne fallait pas faire
avec les agresseurs sexuels »



L'un des deux prélats désignés pour la visite canonique de la FSSP est l'ancien archevêque de Dublin et primat d'Irlande, Mgr Diarmuid Martin.

Né à Dublin en 1945, ordonné prêtre en 1969, il entra au service du Saint-Siège en 1976 (Conseil pontifical pour la famille, sous-secrétaire puis secrétaire – et évêque – du Conseil pontifical Justice et Paix). Mgr Martin a représenté le Saint-Siège aux grandes conférences des Nations Unies sur les questions sociales dans les années 1990. Il a également participé aux activités de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. En 2001, il est nommé observateur permanent du Saint-Siège à Genève, auprès de l'Office des Nations Unies et des agences spécialisées et auprès de l'Organisation mondiale du commerce.

C’est donc un homme de Curie qui est nommé archevêque coadjuteur de Dublin par Jean-Paul II le 3 mai 2003, et qui succède au cardinal Desmond Connell le 26 avril 2004, où il a à gérer la « crise des abus sexuels » que l’on sait, de telle manière qu’il reçoit les félicitations de La Croix, qui écrit, lors de sa retraite en juillet 2021 la Croix écrit « Mgr Diarmuid Martin prend les rênes, l’année suivante, d’un des diocèses catholiques les plus prestigieux au monde mais aussi les plus sclérosés par les affaires de pédophilie. Cet ancien observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, à Genève, rompt aussitôt avec la loi du silence et ouvre à la justice irlandaise, sans restriction, toutes les archives du diocèse, au risque d’impliquer la gestion de ses prédécesseurs. »


Critique contre la « mauvaise théologie » de Jean-Paul II sur le préservatif

En septembre 2023 le primat d'Irlande à la retraite donne une interview télévisée où il revient sur la crise des abus et d'autres questions ecclésiastiques ; s'il estime que l'ordination des femmes à la prêtrise n'aura pas lieu de son vivant, il remet en cause les affirmations du pape Jean Paul II au sujet du préservatif et du Sida .

L'archevêque à la retraite Diarmuid Martin de Dublin a également déclaré qu'il croyait que saint Jean-Paul II était coupable de « mauvaise théologie » lorsque le pontife a déclaré pendant la crise du sida qu'il n'était pas permis aux catholiques d'utiliser des préservatifs pour arrêter la propagation du virus.

L'archevêque Martin a fait ces commentaires lors d'une interview accordée à la chaîne nationale irlandaise RTÉ le 3 septembre dans le 100e épisode de l'émission « Le sens de la vie ».

Lorsque le présentateur a demandé au prélat à la retraite s'il estimait que ce que saint Jean-Paul II avait dit sur l'utilisation des préservatifs pendant la crise du sida était un « mauvais jugement », l'archevêque à la retraite de Dublin a répondu : « Je pense que c'était de la mauvaise théologie. »

« C'est cette idée d'une compréhension extraordinairement étroite et dogmatique des principes », a-t-il poursuivi, « et de ne pas tenir compte des circonstances générales dans lesquelles une situation se déroule et des luttes auxquelles les gens doivent faire face. »

L'archevêque Martin a déclaré que, selon lui, cette approche « était l'un des problèmes de l'Église en Irlande. Vous savez, nous avons appris les règles avant de savoir qui était Jésus-Christ. »

Dans cette émission il lui a été demandé de donner son avis sur le fait que l'Église se soit retrouvée du côté des « perdants » des référendums irlandais sur le mariage homosexuel [2015, approuvé à 62%] et sur l'avortement [2018, retrait de son interdiction dans la constitution approuvée à 66%] où la majorité des irlandais se sont prononcés contre l'avis de l'Église catholique :

Comme le relève le NCR, l'archevêque a répondu : « L'Église est tellement prise dans les questions dogmatiques de bien et de mal, de bien et de mal absolu, qu'elle a perdu le contexte. »

Il a félicité le pape François pour avoir, selon lui, rééquilibré cette situation. « C'est ce qui est formidable avec le pape François. Le pape François dit qu'il ne change pas l'enseignement de l'Église, mais qu'il se comporte différemment avec les gens.»

Il a averti que « si l’Église n’apparaît que comme un livre de règles, alors ils ont perdu le christianisme. Ce n’est pas cela le christianisme. »


L’esprit du Concile à la racine de la mauvaise gestion de la « crise des abus sexuels » ?

Paradoxalement, dans la même émission, l’archevêque fait une remarque tout à fait intéressante. Il souligne que la clémence adoptée par les autorités religieuses à partir du Concile a pu jouer un rôle dans la mauvaise gestion de la « crise des abus sexuels » :

Le prélat a révélé que dans son étude des mesures prises par ses prédécesseurs contre les abus, il pensait qu'à l'époque du Concile Vatican II (1962-1965), l'Église avait adopté une attitude plus clémente envers le clergé auteur d'abus.

« C'était l'un des problèmes. Après le Concile Vatican II, les gens ont dit que le droit canon ne devait pas être punitif, mais qu'il devait réhabiliter les gens », a-t-il déclaré.

« Et ils (les dirigeants de l’Église) ont fait exactement ce qu’il ne fallait pas faire avec les agresseurs sexuels », a-t-il déclaré.

En Irlande comme ailleurs, un épiscopat soumis au gouvernement durant le Covid

Hélas pour les irlandais, après le premier confinement, entre le 29 mars et le 29 juin 2020, l’archevêque n'a trouvé que les mots « étrange » et « décevant » pour qualifier la limite de 50 personnes imposées aux messes par le gouvernement (The Irish Times, 20 juin 2020). « J'ai déjà exprimé mon point de vue selon lequel dans cette période initiale nous devrions être patient et laisser la nouvelle situation se stabiliser » avant de plaider mollement une proportionnalité de l'assistance à la taille des églises, évidemment jamais adoptée.

Et d'ailleurs suite au fait qu'un curé ait célébré la messe dans l'église des saints Anges Gardiens à Blackrock, près de Dublin, en mai 2020, il a condamné clairement cette initiative sur le site du diocèse, affirmant qu'il n'y a « pas de place pour l'auto-dispense ou l'auto-interprétation des règles […] le fait que des individus ou des communautés s'en affranchissement met tout le monde en danger […] J'ai rappelé à toutes les paroisses cette semaine que le non-respect des normes de santé publique est quelque chose d'inacceptable » (BBC, 29 mai 2020)

Ce qui devait arriver arriva – devant si peu d'opposition, le gouvernement irlandais a interdit toute messe du 9 octobre 2020 à fin avril, hormis une courte parenthèse à Noël, frappant d'amende les fidèles qui y assisteraient (127 euros) et criminalisant les prêtres qui feraient malgré tout leur devoir.

Ce qui ne sembla pas choquer Mgr Diarmuid Martin outre mesure – le 19 octobre 2020 Vatican News relaye ses « réflexions sur le temps de confinement » où il affirme que « quand on regarde certaines manifestations contre le port du masque et autres mesures restrictives, derrière les discours extérieurs sur le respect des libertés individuelles, il y a aussi un esprit de négation du virus ». Avant de dégainer un argument inattendu : « il y a des voix qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre ce que signifie la tolérance religieuse dans l'Irlande d'aujourd'hui et cela devrait nous concerner tous ».

En décembre 2020, la paroisse de la Sainte Famille en Irlande publie un de ses communiqués : « Il sera évidemment impossible pour nos grandes assemblées habituelles de se réunir pour la messe la veille ou le jour de Noël. Nous tenons à rappeler aux catholiques que l'obligation d'assister à la messe les dimanches et les fêtes reste suspendue pendant la pandémie […] Les messes de Noël seront également diffusées par webcam et nous encourageons vivement les familles à se connecter depuis les églises domestiques de leur salon ».

Mi-avril, après de nouvelles mesures, c'est Mgr Eamon Martin, archevêque d'Armagh, qui s'émeut publiquement de cet anticléricalisme d'État sous prétexte de pandémie : « le ministère pastoral et le soutien spirituel, qui sont si importants pour les gens en période de pandémie, ne doivent pas se limiter à un petit nombre d'activités légalement acceptables et réglementées ». C'est mou, mais c'est un timide message de protestation dont Mgr Diarmuid s'est avéré incapable tout le temps de la pandémie.

Finalement, le salut des Irlandais viendra de nombreuses initiatives extérieures, notamment la FSSPX dont une messe est interrompue manu militari par la police à Athlone au cœur de l'Irlande, le 25 avril 2021 suite à une dénonciation, à la reprise des messes début avril 2021 dans l'Ulster voisin ou encore à l'initiative d'Aide à l'Église en Détresse (ACN) Irlande qui encourage les prêtres à célébrer la messe à l'extérieur, sur les « mass rocks », les autels en pierre qui servaient aux messes clandestines lors des persécutions anticatholiques des XVIe-XVIIIe siècles par les anglais, pour demander le « renouveau de la Foi » dans le pays par l'intercession des martyrs irlandais.

Fin mai, les irlandais retrouvent la messe – toujours à moins de 50 personnes dans les églises, et Mgr Diarmuid Martin n'y est pour rien.

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