Notre lettre 1126 publiée le 13 novembre 2024

LAISSEZ-NOUS

TRANQUILLES !

D'aucuns affirment que les évêques doivent mériter en bloc le respect et la confiance, et qu'il est contre-productif, voire insultant, de mettre sur la place publique leurs défauts et de les interpeller publiquement sur leurs manquements. Ces pers oublient que n'est respecté que ce qui est respectable.

On apprend de la CEF ces jours ci, à travers le message envoyé par Mgr de Moulins-Beaufort au Pape François, que outre les relations entre les Églises de France et d'Afrique - donc le sujet des innombrables prêtres fidei donum fournis par les diocèses africains pour combler les trous béants de la géographie paroissiale française et les abysses de la déchristianisation, les évêques vont se pencher sur la mission de l'Eglise en ce moment.

Soit une foule de sujets : "un temps de retour sur le synode [de la synodalité] avec les six [évêques] qui y ont participé, une intervention des responsables des communautés orthodoxes, arméniennes et protestantes ; une rencontre avec les trois mouvements de scouts catholiques en France (Scouts et Guides de France, Scouts d’Europe, Scouts Unitaires de France) ; un temps de travail sur l’enseignement catholique ; un échange sur la situation des séminaires ; la conclusion des Etats généraux du patrimoine religieux".

Une foule de pleins qui meublent un grand vide. Des sujets à peine survolés qui cachent l'essentiel : avant de parler de "mission", que représentent ceux qui discourent ? Au nom de quoi approuvent-ils les persécutions romaines contre certains des leurs, voire y participent ?

S'interrogent t'ils sur la chute vertigineuse de la pratique en France, au point que certains diocèses se résument à quelques milliers de pratiquants sur plusieurs centaines de milliers d'habitants, et qu'un évêque qui a lâché son diocèse très rural et déchristianisé a aujourd'hui dans chacune des paroisses de sa métropole natale plus de fidèles que dans tout son diocèse au temps où il était évêque ? Ce qui ne l'a d'ailleurs pas empêché de mettre fin sans état d'âme à une messe traditionnelle et à chasser hors de son église diocésaine aux rangs si grisonnants et clairsemés quelques dizaines supplémentaires de fidèles ?

Probablement non.

Il leur faudrait en effet se déjuger et saisir que face aux médiocres, aux cheffaillons et à ceux qui vivent au quotidien à l'inverse de ce qu'ils affirment et prêchent les français - la grande majorité des Français - vote avec les pieds.

Il leur faudrait comprendre que marcher à travers son diocèse, réorganiser sans cesse des laïcs dans les bureaux bien chauffés de la maison diocésaine, passer au forceps des synodes diocésains ou écrire des lettres pastorales de 20 pages tous les ans - pauvres arbres ! - ne suffit pas.

Et surtout, que pour annoncer la mission il faut être respectable.

Ce qui est le cas de certains évêques, mais pas de tous.

Comment respecter cet évêque qui commence par mettre à disposition sa cathédrale pour une oeuvre qui comprend un appel à la prière islamique, y assiste, mais n'assume tellement pas qu'il est interdit au public de filmer et d'enregistrer au moment même de l'appel à la prière islamique sous les voûtes gothiques ?

Comment respecter un évêque qui quitte son diocèse précipitamment, supposément pour cause de burn out, et en réalité parce que des centaines de photos très suggestives ont été trouvées sur son ordinateur, et que son clergé n'en veut plus ?

Comment respecter cet évêque, qui laisse littéralement en plan son diocèse pour partir 500 km plus au sud, après avoir éreinté son clergé, fait un million d'euros de déficit par an et signé avant de partir un devis d'aménagement du chœur de la cathédrale pour lequel le diocèse n'avait pas le premier sou ?

Comment respecter cet évêque qui se dandine dans la conférence des évêques de France, devant les habitants et les pèlerins de Lourdes, en pantalon très moulant ?

Comment respecter ces évêques - trois au moins, dont un émérite - qui vont s'encanailler, à plusieurs centaines de kilomètres de leurs évêchés, dans les étages d'un sauna gay en plein Paris où des personnes de cinquante ans et plus clament dans les avis de ce bastion de la sous-culture "ours" le plaisir de relations sexuelles avec des jeunes fins et bien équipés, "peu importe l'âge" ?

Comment respecter cet évêque, qui bien conscient, alors qu'il dirige un séminaire, d'avoir un candidat qui ne peut absolument pas être ordonné, le planque en l'envoyant se faire ordonner à 600 km au nord-est ? Aujourd'hui c'est un diacre "en insertion pastorale" perpétuelle que plusieurs évêques se sont passés comme une patate chaude - comment les respecter, eux aussi ?

Comment respecter ces évêques, dont un archevêque et un émérite, qui font l'objet de procédures pour dérives de mœurs auprès du tribunal pénal canonique national (TCPN) ?

Comment respecter le TCPN qui a une forte propension à s'endormir sur les dossiers à lui confiés, voire à refuser de prendre en compte les plaintes si les évêques des diocèses concernés refusent toute enquête - sauf si le plaignant vient d'une famille riche ou influente ou que le mis en cause peut ainsi être tenu , voire brisé s'il s'oppose aux autorités romaines ?

Comment respecter le fait que trois ans après la CIASE, la France a ainsi moins de justice ecclésiastique qu'avant, avec les officialités diocésaines ou interdiocésaines, et que le peu qui reste a été remplacé par une instance qui couvre les coupables et brise les innocents, une instance qui dénie toute reconnaissance aux victimes brisées à vie des MEP ou des Béatitudes ?

Comment respecter des évêques qui persécutent leurs prêtres étrangers, ou issus de communautés, ou de rite différent, qui pourchassent la messe, pour passer sous silence l'effondrement de leurs diocèses, leurs turpitudes ou des détournements de fonds des fidèles ?

Comment respecter ces deux évêques, qui, vicaires généraux dans le même diocèse, avertis depuis des années de la pédophilie d'un prêtre, se sont tus et l'ont laissé au contact de jeunes, afin de monter en grade - et tous deux évêques ont continué à couvrir des coupables et briser des innocents parce que lanceurs d'alertes ?

Comment respecter cet évêque, qui accuse un autre de faits qu'il n'a pas commis dans l'espoir de monter en grade, n'y arrive pas, quitte son diocèse pour le sien d'origine en élevant des prétextes louables, mais très éloignés de la vérité ?

Comment respecter cet autre évêque qui, en faisant miroiter une ordination longtemps refusée, fait signer en douce aux séminaristes un engagement à ne jamais célébrer dans un certain rite - consentement forcé réputé nul et non avenu, mais pas dans son monde où il se croit évêque, donc fondé à réclamer son papier même à Jésus revenu sur terre ?

Comment respecter ces futurs évêques, aujourd'hui responsables de séminaires, de communautés religieuses, vicaires généraux, chanceliers, recteurs de sanctuaires, administrateurs diocésains, doyens, qui ont couvert des auteurs d'abus ou les ont déplacé plutôt que de les sanctionner, qui ont une double vie - et sont allés parfois jusqu'à faire avorter leur compagne, qui ont été reconnus dans des hammams gays, qui sont membres d'organisations incompatibles avec la foi catholique, et qui pourtant prêchent l'entière fidélité au Pape et la morale chrétienne ?

Il n'est pas étonnant qu'une très grande majorité des Français aient voté avec les pieds et fui ces tristes évêques ou prétendants à la mitre, alors qu'ils s'emploient à liquider ce qui reste et vendre en bloc.

Comment respecter ceux qui parlent "d'annoncer la mission" alors que ce sont des fossoyeurs ?

Qu’au moins ces pasteurs nous laissent tranquilles !

A la une

S'abonner à notre lettre hebdomadaire

Si vous désirez recevoir régulièrement et gratuitement la lettre de Paix Liturgique, inscrivez-vous.
S'ABONNER

Paix Liturgique
dans le monde

Parce que la réconciliation liturgique est un enjeu pour toute l'Église universelle, nous publions tous les mois des lettres dans les principales langues du monde catholique. Découvrez et faites connaître nos éditions étrangères.

Télécharger notre application

Soutenir Paix Liturgique