Notre lettre 1156 publiée le 31 janvier 2025

DES NOUVELLES DE SAINT-GERMAIN-EN-LAYE ?

UN ENTRETIEN AVEC GERMAIN DE PARIS

LES DANGERS DE LA DHIMMITUDE...

NE PAS VOIR

NI COMPRENDRE

LA REALITE DES SITUATIIONS

COMME SI "TOUT LE MONDE IL EST BEAU TOUT LE MONDE IL EST GENTIL"

MAIS SURTOUT UNE RÉFLEXION POUR TROUVER UNE SOLUTION

DÉFINITIVE ET ACCEPTABLE POUR TOUS À SAINT-GERMAIN-EN-LAYE

Cela fait maintenant bien plus de 30 ans que des fidèles de Saint-Germain-en-Laye implorent leurs pasteurs pour que leur soit accordée une liturgie traditionnelle stable, régulière et loyale au sein de leur paroisse. Après des années de refus au titre qu'ils n'existaient pas et n'étaient, selon l'évêque d'alors Mgr Eric Aumonier, "que des agitateurs troskystes", le nouvel évêque de Versailles semble avoir commencé à entendre raison. C'est ainsi que fut instaurée motu proprio, sans une réelle concertation avec les fidèles, en mars 2023, à la chapelle des Franciscaines, un début de célébration qui devait faire l'objet "d'un point d'étape au bout d'un année". Cependant, l'étonnant succès de cette expérience ( plus de 170 fidèles chaque dimanche), loin d'apaiser la situation, a eu pour seul effet de figer la situation et de supprimer toute évolution ou tout lissage.

Ce risque, plusieurs fidèles l'avaient immédiatement pressenti en dénonçant le manque de loyauté des interlocuteurs ecclésiastiques. Ils avaient alors décidé d'attendre avant d'abandonner leur messe célébrée chaque dimanche et fêtes, à l'extérieur, devant la chapelle ( vide et fermée ! ) de l'ancien hôpital. A l'approche du deuxième anniversaire de l'instauration de la célébration aux Franciscaines, et après une déclaration bien naïve d'un de leurs fidèles, nous avons demandé à Germain de Paris, l'un de ces irréductibles qui continuent chaque dimanche à se retrouver devant la porte fermée de la chapelle de l'hôpital, de nous faire un compte-rendu de la situation.


Q – Cher Germain, que signifie cette réflexion que vous avez mise en exergue de cet entretien ?

GERMAIN DE PARIS – Elle m’est venue à l’esprit à la lecture d’un post publié dimanche dernier ( 19 janvier 2025) par un fidèle des franciscaines que je me permets de reproduire intégralement :

« Petit message envoyé ce matin à quelques amis. Grand merci chers choristes de votre implication et de votre persévérance !

Grand-Messe ce matin à Saint-Germain-en-Laye à la chapelle des Franciscaines, célébrée une nouvelle fois par le curé en titre de l’Eglise principale. Le curé vient régulièrement, une fois par trimestre environ et il semble très content de venir et de célébrer.

Bientôt deux ans (le 19 mars prochain) que Mgr. l’évêque nous a octroyé la chapelle et la messe traditionnelle et cela ne désemplit pas : 170 fidèles, 10 enfants de Chœurs et une belle chorale. Deo gratias ».


Q – Et que vous inspire-t-il ?

GERMAIN DE PARIS – Ce texte m’inspire tout d’abord une grande Joie ! Celui de voir que les efforts entrepris par les familles de Saint-Germain-en-Laye qui désirent vivre leur Foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle depuis plus de 30 ans ne l’ont pas été en vain et que le refus d’accorder une célébration traditionnelle dans cette paroisse, principalement au titre « qu’elle ne concernait personne », est aujourd’hui manifestement écarté.


Q – Que voulez-vous dire ?

GERMAIN DE PARIS – Quand le curé de Saint Germain constate que 170 fidèles assistent régulièrement aux célébrations de cette messe « selon l’usus antiquior » dans une chapelle de sa paroisse, nous ne pouvons qu’être heureux de voir reconnue le fait que la demande formulée par des familles de Saint-Germain-en-Laye était bien réelle et non « une action de type trotskyste » comme l’avait déclaré Mgr Aumônier.


Q – Est-ce votre seule réaction ?

GERMAIN DE PARIS – Non car ce texte me fait aussi de la peine… Comment ne pas en éprouver en constatant une telle naïveté chez des paroissiens attachés à la Tradition, comme si dans la vie « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Comment ne pas y voir le début d’une sorte de dhimmitude ?


Q – Que voulez-vous dire ?

GERMAIN DE PARIS – Qu’il est bien triste de voir des fidèles traditionnels refusant de voir la situation telle qu’elle est réellement, c’est-à-dire complètement figée.


Q – Pouvez-vous préciser ?

GERMAIN DE PARIS – Certes l’instauration de la célébration aux Franciscaine a été une réelle avancée mais toujours sans dialogue ni clarté comme si son existence faisait peur et que son avenir était incertain.


Q – Expliquez-vous ?

GERMAIN DE PARIS – Qu’une situation expérimentale puisse être mise en place sans véritable concertation je peux le comprendre. Ce que je comprends moins, et qui me fait croire à une attitude déloyale de nos pasteurs, c’est le fixisme qui s’ensuit alors qu’il était prévu que des corrections puissent être envisagées après une période d’observation.


Q – Pour quels sujets ?

GERMAIN DE PARIS – Ils sont divers : les horaires, le calendrier, la question des vacances d’été, les sacrements...


Q – Mais tout cela doit aller de soi…

GERMAIN DE PARIS – Certes non et c’est là le fondement de mon inquiétude. Une fois mise en place « l’expérience », tout semble vitrifié, fossilisé, comme si nos pasteurs, choqués et surpris par la réalité qu’ils ont permis de révéler, ne savaient plus comment faire pour revenir en arrière.


Q - Mais pourtant le dialogue existe. Il parait qu’une évaluation annuelle a été mise en place…

GERMAIN DE PARIS – Une évaluation « pipeau », sans vrai dialogue, que l’on peut présenter ainsi : le fidèles expriment leurs besoins aux desservants qui les transmettent au curé, qui reconnaît ne pas avoir la main, qui transmet donc à l’évêque, qui à son tour passe la patate chaude au vicaire général, qui renvoie la question au curé, qui déclare une nouvelle fois ne pas être le maître du jeu donc en définitive une situation " vitrifiée" alors que de nombreux lissages s'avèreraient nécessaires.


Q – Pourquoi craignez-vous la déloyauté de vos pasteurs ?

GERMAIN DE PARIS – Car elle est avérée dans d’autres situations semblables de notre diocèse. Je pense naturellement à celle de Rambouillet où la situation s’est fossilisée de la même manière malgré 14 ans d’expérience pour en rester à une célébration dominicale par mois... alors que la demande y est très importante.


Q – Mais quelles pourraient être les cadrages dont vous parlez ?

GERMAIN DE PARIS – Je viens de vous le dire : l’horaire de la messe, la question des vacances d’été et aussi celle de la vigile pascale et des petites fêtes, sans oublier la question de la cohabitation pas toujours facile avec la communauté ukrainienne.


Q – Quel est le problème de la cohabitation avec la communauté ukrainienne ?

GERMAIN DE PARIS – Il est double : d’abord que les ukrainiens estiment avoir été trompés par Mgr Aumônier qui leur avait promis une église qu’ils doivent aujourd’hui partager et aussi qu’il ne faut pas se voiler la face devant les difficultés d’ordre culturel, car les ukrainiens sont des ukrainiens qui n’ont pas le même mode de vie que des singerminois notamment en matière d’hygiène et de propreté et tout cela rend difficile la cohabitation pour les deux communautés.


Q – Mais y aurait-il des solutions ?

GERMAIN DE PARIS – Puisqu’il existe deux bâtiments « églises » libres à Saint-Germain-en-Laye, il serait peut-être plus simple d’en attribuer un à chacune des communautés, ce qui les satisferait toutes les deux. Mais peut-être que le diocèse ne souhaite pas faciliter la situation : ni pour les ukrainiens, ni pour la communauté traditionnelle de Saint-Germain.


Q – Cher Germain je me demande si vous n’exagérez pas un peu.

GERMAIN DE PARIS – Je le souhaiterais mais notre communauté fait depuis deux ans l’expérience de cette situation bien peu transparente.


Q – Pouvez-vous préciser ?

GERMAIN DE PARIS – Pourquoi n’avons-nous pas « suivi » il y a deux ans la proposition de s’installer aux Franciscaines ? Tout simplement car nous n’avions pas confiance dans les promesses opaques qui aboutirent à cette installation.


Q – Mais pourtant cette expérience est plutôt positive ?

GERMAIN DE PARIS – Oui mais toujours aussi opaque. Permettez-moi de revenir à notre cas particulier : il y a quelques mois nous avons écrit à l’évêque pour lui proposer de le rencontrer… pas de réponse de l’évêque mais, beaucoup plus tard, nous recevions un courrier particulièrement peu agréable du curé de Saint Germain nous accusant d’empêcher des célébrations… dans la chapelle de l’ancien hôpital de Saint Germain qui, rappelons-le, devait être abandonnée par le diocèse il y a quelques années et dont le statut actuel est encore assez flou.


Q – Et alors ?

GERMAIN DE PARIS – Cette situation, loin de nous rassurer, nous fait craindre que les intentions diocésaines ne soient pas très honnêtes.


Q – Comment pouvez-vous dire cela ?

GERMAIN DE PARIS – Tout simplement par l’inexistence, je dis bien l’inexistence, de dialogue loyal entre notre évêque et nos deux communautés… un comble me direz-vous dans une Eglise qui prétend être synodale !


Q – Donc vous ne voyez pas d’issue à cette situation ?

GERMAIN DE PARIS – Des issues sont parfaitement possibles et souhaitables pour tous… à la condition qu’un dialogue franc, loyal et honnête s’installe.


Q – Vous pourriez cesser votre célébration devant la chapelle de l’hôpital ?

GERMAIN DE PARIS – Bien sûr ! Pensez-vous que nous faisons cela pour nous amuser ? Une fusion des deux communautés aux Franciscaines ou ailleurs est tout à fait possible et même souhaitable à la condition qu’un vrai dialogue s’instaure et que des pierres d’achoppement soient réglées.


Q – Lesquelles ?

GERMAIN DE PARIS – Une fois qu’il est accepté par tous que le groupe des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle existe bien et ne pose pas de problème, toutes les aspérités que j’ai évoquées plus haut peuvent être réglées : la messe doit être célébrée tous les dimanches de l’année même pendant les vacances d'été et lors des fêtes comme la chandeleur, le mercredi des cendres, la commémoration des fidèles défunts, l’immaculé conception et aussi les messes de funérailles.

Q – Mais si le diocèse s’enfonce dans son silence ?

GERMAIN DE PARIS – Et bien la situation actuelle perdurera aussi longtemps que la position déloyale du diocèse perdurera.

Mais nous avons bonne espérance car nous savons que de bonnes solutions sont à portée de main sinon nous ne serions pas aussi persévérants depuis plus de 30 ans.


Chaque dimanche et fêtes de l'année la messe est célébrée à 11h00 devant la chapelle de l'ancien hôpital de Saint Germain, 20 rue Armagis (pour vous abonner germaindeparis@germaindeparis.org)

D'autre part la messe est également célébrée à 11h30 (sauf en juillet et août) à la chapelle des Franciscaines, 89 avenue du Maréchal Foch (renseignements : franciscaines.stger@gmail.com)

A la une

S'abonner à notre lettre hebdomadaire

Si vous désirez recevoir régulièrement et gratuitement la lettre de Paix Liturgique, inscrivez-vous.
S'ABONNER

Paix Liturgique
dans le monde

Parce que la réconciliation liturgique est un enjeu pour toute l'Église universelle, nous publions tous les mois des lettres dans les principales langues du monde catholique. Découvrez et faites connaître nos éditions étrangères.

Télécharger notre application

Soutenir Paix Liturgique