Notre lettre 1165 publiée le 21 février 2025
À SAINT-GERMAIN-EN-LAYE...
UNE ÉGLISE FERMÉE
PLUTÔT QU'UNE ÉGLISE
OUVERTE A LA TRADITION...
A Saint-Germain-en-Laye, sous les yeux de tous, se renouvelle au sein de l’Eglise de France et avec la bénédiction de Mgr Migliore, le nonce apostolique, un scandale bien connu : celui de préférer voir une église fermée, grillagée ou murée plutôt que de laisser une église ouverte aux prières des fidèles et bien évidemment une église ouverte à la célébration de la liturgie traditionnelle. Nous avons demandé à Germain de Paris, l'un des animateurs des fidèles qui depuis plus de 30 ans implorent pour la célébration loyale, régulière et pérenne d'une messe traditionnelle dans leur paroisse, de revenir sur la situation qu'il avait commencé à nous présenter dans notre lettre 1156 du 31 janvier 2025.
Germain de Paris - Le point essentiel sur lequel je souhaiterais attirer votre attention c'est le scandale de nos pasteurs qui préfèrent fermer leurs églises plutôt que de nous permettre d'y prier.
Paix Liturgique - Une église fermée plutôt que de vous être ouverte : c’est insensé et incroyable !
Germain de Paris - Mais pourtant vrai ! L’affiche que je reproduis en illustration vous montre que je n’exagère pas…
Paix Liturgique - Mais peut-être est-ce pour des raisons de sécurité…
Germain de Paris - De sécurité… seulement le dimanche ?
Paix Liturgique - Mais depuis quand ?
Germain de Paris - Depuis que nous avons commencé à célébrer une messe dominicale à Saint-Germain en 2020…
Paix Liturgique - Parce qu’auparavant l’église était ouverte tous les jours ?
Germain de Paris - Bien sûr elle était ouverte tous les jours de 9h00 à 18h00 à la satisfaction des fidèles qui pouvaient y prier et offrir des cierges à la Madone mais aussi pour les sans-abris qui y trouvaient un peu de chaleur.
Paix Liturgique - Mais pourquoi cette fermeture ?
Germain de Paris - Simplement car l’église étant ouverte mais aussi inutilisée le dimanche nous avons commencé à venir y célébrer la messe traditionnelle le dimanche 21 juin 2020.
Paix Liturgique - Parce qu’il n’y avait pas de célébration traditionnelle à Saint-Germain ?
Germain de Paris - En effet, comme je vous l'ai exposé lors de notre précèdent entretien, bien que des fidèles le demandaient depuis le début des années 90, la paroisse et le diocèse s’y opposaient obstinément.
Paix Liturgique - Donc vous avez commencé à faire célébrer la liturgie traditionnelle dans la chapelle de l’hôpital ?
Germain de Paris - Oui et tout de suite les fidèles s’y sont retrouvés à une centaine.
Paix Liturgique - Et que fit la paroisse ?
Germain-de Paris - A l’époque la chapelle dépendait d’une manière indirecte de la paroisse. En concertation avec l’ancienne aumônerie de l’hôpital et bien tout simplement ils ont demandé aux personnes bénévoles qui chaque jour venait ouvrir et fermer l’église de ne plus l’ouvrir le dimanche matin.
Paix Liturgique - Incroyable ! Laisser fermée l’église seulement et justement le dimanche matin ?
Germain de Paris - C’était en effet pathétique de voir ces personnes venir ouvrir l’église vers 13h00 une fois la messe célébrée dehors terminée. Je sais à l'époque que ce scandale a perturbé bien des membres du conseil de la paroisse comme l'aumônière de l'hôpital elle-même mais pas suffisamment pour les faire renoncer à agir ainsi. Mais pour être juste, l'évêque de Versailles d’alors, Mgr Eric Aumônier, s'était personnellement opposé à cette possible ouverture... sans doute en raison de ses origines traditionnaliste dont il souhaitait se dédouaner vis-à-vis de son clergé et de ses confrères !
Paix Liturgique - Même l’hiver l'église vous était fermée ?
Germain de Paris - Et même par temps de pluie ou de tempête.
Paix Liturgique - Mais cela a cessé ?
Germain de Paris - Pas du tout ! Cela continue puisque nous célèbrerons dimanche 23 février 2025 notre 222ème messe devant la chapelle de l'ancien hôpital ! Mais maintenant ils ont essayé d’en grillagé l’accès pour rendre cette célébration encore plus difficile.
Paix Liturgique - Avec Succès ?
Germain de Paris - Non. Ce bel exemple de charité fraternelle, à défaut d’essayer d’établir un vrai dialogue, n’a pas été concluant… pour eux.
Paix Liturgique - Comment expliquez-vous de telles attitudes ?
Germain de Paris - Pour la raison horrible que nos pasteurs préfèrent des églises fermées que des églises où se célèbre la liturgie traditionnelle.
Paix Liturgique - Impensable !
Germain de Paris - Mais c’est plutôt dramatiquement classique.
Paix Liturgique - Incroyable.
Germain-de Paris - C’est exactement ce qui s’est passé il y a 37 ans à Port-Marly où l’évêché a été jusqu’à faire murer l’église plutôt que d’en permettre l’accès aux paroissiens traditionnels... avec le succès que l’on sait.
Paix Liturgique - Insensé !
Germain de Paris - Mais pas rare. A Argenteuil en 1989 ils ont été jusqu’à faire raser une chapelle quand ils ont su que les fidèles de la paroisse allaient y faire célébrer la liturgie traditionnelle. Mais le plus souvent ils sont plus pervers.
Paix Liturgique - En faisant quoi ?
Germain de Paris - En la donnant à une autre communauté comme à la chapelle des Franciscaines de Saint-Germain-en-Laye où ils ont réussi deux fois cet ignoble tour de passe-passe.
Paix Liturgique - Racontez moi cela ?
Germain de Paris - La première fois ce fut au milieu des années 90 lors des conversations établies avec le père Potier, alors vicaire général du diocèse de Versailles. Il s’agissait alors de réfléchir à un partage éventuel de l’église Saint-Louis du Port-Marly.
Paix Liturgique - Et alors ?
Germain de Paris - La chapelle des Franciscaines de Saint-Germain-en-Laye, qui entre pour la première fois dans cette histoire, fut prêtée en un clin d’œil à la communauté portugaise pour ne pas y accueillir de fidèles traditionnels... ce qui était alors une hypothèse qui avait été envisagée en vue d’un éventuel "partage" de l’église de Port-Marly.
Paix Liturgique - Et il y eut une seconde fois ?
Germain de Paris - Tout à fait et beaucoup plus récemment en 2020 au moment où la communauté de Port-Marly est retournée dans son église après de longs travaux***.
Paix Liturgique - Que se passa-t-il ?
Germain de Paris - Lorsque les fidèles de Saint-Germain, qui avait démontré dans le court intermède qu’ils étaient nombreux à venir de Saint-Germain, ont renouvelé leur demande de célébration dans leur paroisse, par un coup de baguette magique cela leur fut déclaré impossible… « car l’église venait d’être attribuée à une communauté ukrainienne » une communauté qui avant la guerre en Ukraine n’existait pas.
Paix Liturgique - Parce qu’elle existe aujourd’hui ?
Germain-de Paris - Vous n’imaginez pas le nombre de jeunes hommes ukrainiens qui viennent depuis deux ans à la messe à Saint Germain… Mais permettez-moi de revenir au cœur du problème : celui que nos pasteurs préfèrent fermer ou murer les églises ou bien les vendre ou les détruire ou encore les donner à d’autres… plutôt que de les voir devenir des chapelles où serait célébré l’usus antiquior.
Paix Liturgique - Mais que craignent-ils ?
Germain-de Paris - Que la réalité leur donne tort.
Paix Liturgique - En quoi ?
Germain-de Paris - Vous savez bien que pour eux nous n’existons pas.
Paix Liturgique - Mais bien sûr que c’est faux.
Germain de Paris - Bien évidemment cela est faux et les plus éclairés le savent depuis plus de 50 ans, c’est à dire depuis le célèbre sondage réalisé an 1976 par le progrès de Lyon ( voir nos lettres 697 / 698 / 699 / 701 ). Mais cette apparente « certitude » de notre non-existence leur permet de justifier, au moins dans leur tête, l’injustifiable.
Paix Liturgique - Mais j’insiste, que craignent-ils ?
Germain-de Paris - La contagion, le retour brutal du réel, le fait qu’en France plus d’un tiers des fidèles souhaitent vivre leur Foi catholique au rythme du catéchisme et de la liturgie traditionnelle.
Paix Liturgique - Et vous, comment voyez-vous les choses.
Germain de Paris - Horriblement mais aussi tranquillement… De toutes façons ils sont en train de disparaître et la pratique religieuse molle n’en a plus pour longtemps pour mourir. Alors, la nature - et plus encore la grâce - ayant horreur du vide, petit à petit les églises reviendront à leur vocation originale.
Paix Liturgique - Mais les prêtres dans tout cela ?
Germain de Paris - Les prêtres de demain ne seront pas comme les fossoyeurs d’hier ou les pasteurs désemparés d’aujourd’hui et je crois sincèrement que les fausses pistes d’hier disparaîtront sans laisser beaucoup de regrets derrière elles. Et puis, c'est une évidence, bientôt viendra un nouveau pontife qui encouragera la Paix... et bien sûr la Paix suivra pour la félicité de tous les fidèles catholiques dans le respect de leurs légitimes différences.
*** En janvier 2017 l’église Saint-Louis du Port-Marly devant être fermée pour une longue période pour cause de travaux important, la communauté traditionnelle desservie par les prêtres de l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre fut accueillie à la chapelle des Franciscaines, à Saint Germain-en-Laye jusqu’à la fin des travaux qui furent achevés fin 2019.