Notre lettre 1186 publiée le 10 avril 2025

SI PIETRO PAROLIN DEVIENT JEAN XXIV

PLUTÔT QUE LES CLOCHES DE SAINT-PIERRE

ON POURRA FAIRE SONNER LES CASSEROLES...

MAIS LE PIRE N'EST PAS TOUJOURS CERTAIN...



Apparatchik du Vatican, diplomate professionnel depuis près de quarante ans sans expérience pastorale et principal artisan de l'accord secret entre le Vatican et la Chine dont les résultats, sept ans après sa promulgation, sont léonins en faveur de la Chine, le cardinal Parolin, premier responsable de l'Église à avoir participé à une réunion du club Bilderberg et convive à la « Table du Ramadan » à Rome en mars 2025 en plein Carême est aussi le candidat probable des « globalistes » à la Papauté. C'est aussi celui qui paraît le plus à même de continuer les errances idéologiques du pape François, de la synodalité à la soumission au lobby LGBT, sans ses outrances de parole et de management. Le vaticaniste Sandro Magister tente d’ailleurs de nous rassurer sur le thème « le pire n’est pas toujours certain », comme disait Calderón de la Barca : On évoque souvent Parolin comme candidat, mais c’est un canard boiteux | Diakonos.be.*

Étonnamment, il a réussi à ne jamais être inculpé pour les détournements financiers de la Secrétairerie d'État commis par ses subordonnés (affaire de l'immeuble de Londres, affaire Marogna, virements à une coopérative sarde, etc.) tous condamnés par la justice du Vatican, et dans les étranges virements envoyés par la Secrétairerie d'État aux accusateurs du cardinal Pell, chargé par le Pape François d'assainir les finances du Vatican, et auquel les cardinaux Parolin et Becciu ont fait une guerre totale. En revanche, il a moins réussi à faire oublier son rôle trouble dans la reprise en main de l'ordre de Malte, sur fond d'une grosse donation pécuniaire reçue par celui-ci. Une carrière comme un concert de casseroles…


Un diplomate issu de l’écurie Silvestrini

Pietro Parolin est né le 17 janvier 1955 à Schiavon, dans la province de Vicence. Il est le fils d'un gérant de magasin de matériel, qui meurt quand il a dix ans, sa mère étant professeur d'école élémentaire. Il effectue ses études au séminaire diocésain de Vicence et est ordonné prêtre le 27 avril 1980 pour le diocèse de Vicence. Diplômé en droit canon à l'université pontificale grégorienne, il rejoint, le 1er juillet 1986, les services diplomatiques du Saint-Siège, ce qui le mène successivement au Nigeria de 1986 à 1989 puis au Mexique jusqu'en 1992. Il y est secrétaire de la délégation apostolique et artisan des négociations pour la reconnaissance officielle de l’Église catholique dans le pays et l’établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Il réintègre ensuite les services des relations avec les États au Vatican. Il y est alors responsable des relations avec l'Espagne, Andorre, l'Italie et Saint-Marin. Dans ces fonctions, en 2000, il a travaillé avec l'évêque Attilio Nicora sur les questions relatives à la mise en œuvre de la révision du Concordat du Latran de 1984.

Le 30 novembre 2002, il est nommé sous-secrétaire de la section pour les relations avec les États de la secrétairerie d'État. Il œuvre alors à la mise en œuvre de la diplomatie du Saint-Siège pour l'adoption la plus large possible du traité de non-prolifération nucléaire. Parolin représente ensuite le Saint-Siège dans plusieurs missions sensibles, notamment des voyages en Corée du Nord et au Viêt Nam ainsi qu'en 2007 à la conférence d'Annapolis sur le Moyen-Orient convoquée par l'administration Bush. Il négocie l'établissement de relations diplomatiques entre le Vatican et le Vietnam, puis participe aux discussions toujours en cours avec Israël. Il a aussi joué un rôle majeur dans le rétablissement des contacts directs entre le Saint-Siège et Pékin en 2005

Le 17 août 2009, Benoît XVI le nomme archevêque titulaire d’Aquipendium et nonce apostolique au Venezuela - où le cardinal Bertone, par hostilité, l'aurait expédié. Il reçoit la consécration épiscopale des mains du souverain pontife le 12 septembre suivant, assisté des cardinaux Tarcisio Bertone et William Levada en même temps que les nonces Gabriele Caccia et Franco Coppola. En août 2013 il est nommé par le pape François pour remplacer Bertone comme Secrétaire d'État.

Son accession aux fonctions de Bertone semble assez logique : « Des dossiers confidentiels publiés par WikiLeaks montrent qu'il apparaissait bien plus souvent dans les câbles diplomatiques durant les quatre premières années du pontificat de Benoît XVI que le Secrétaire d'État du Vatican de l'époque, le cardinal Tarcisio Bertone (qui ne parlait pas anglais et était jugé trop puissant pour être facilement accessible), et que l'archevêque Dominique Mamberti, alors ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège. Une source diplomatique américaine anonyme a décrit Parolin en 2002 comme un diplomate du Vatican « ouvert d'esprit », « quelqu'un qui a été formé pour assumer des postes à plus hautes responsabilités ».


Le plus jeune secrétaire d'Etat

Il devient ainsi à l'âge de 58 ans le plus jeune Secrétaire d’État depuis, 1929 quand le cardinal Eugenio Pacelli, futur pape Pie XII, fut nommé Secrétaire d’État lui aussi à l'âge de cinquante-huit ans. Le 13 décembre 2013, il reçoit pour la première fois l'ensemble du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège pour une audience, au cours de laquelle il définit les priorités dans les relations bilatérales du Saint-Siège, priorités basées sur l'esprit de la première exhortation apostolique du pape François, Evangelii gaudium.

Le dimanche 12 janvier 2014, au moment de l’Angélus, le pape annonce son élévation prochaine au cardinalat, en même temps que celle de dix-huit autres prélats. A cette occasion le futur cardinal dresse à grands traits ce que doit être pour lui la diplomatie du saint Siège : celle de « l'Amour », centrée sur l'Homme avec une attention pour les faibles et les pauvres. Ainsi que le Sud et l'Europe avec, pour celle-ci, une contribution du Saint-Siège à « la construction de la maison européenne ».

Il est créé cardinal par le pape le 22 février 2014 comme annoncé, et reçoit la paroisse des Santi Simone e Giuda Taddeo a Torre Angela comme titre cardinalice. C'est lui qui s'adresse au pape au nom des autres nouveaux cardinaux lors du début de la cérémonie. Le jeudi 22 mai 2014, il est confirmé comme cardinal membre de la Congrégation pour les évêques, mais aussi comme membre de la Congrégation pour les Églises orientales et aussi de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Et le mercredi 28 mai 2014, il est nommé membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le 9 septembre 2014, il est nommé par François « père synodal » pour la troisième assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille.

En août 2017, il rend visite au patriarche de l'Église orthodoxe russe, Cyrille, dans le cadre d'une détente des rapports entre le Vatican et le patriarcat de Moscou. Durant le même voyage, il rencontre également Vladimir Poutine à Sotchi.


Un cardinal "Globaliste" ?

Mais le cardinal Parolin est aussi le premier représentant du saint Siège à participer à la réunion annuelle du groupe Bilderberg, qui s'est tenue à Turin du 7 au 10 juin 2018. Le Secrétaire d’État du Vatican n'y aurait été présent « qu’un court laps de temps – environ une heure trois-quarts », au cours duquel il avait prononcé un discours insipide « sur la doctrine sociale de l’Église ».

La même année, en décembre, les dirigeants mondiaux se sont réunis au Maroc pour signer et annoncer un accord connu sous le nom informel de Pacte mondial sur les migrations. Ce pacte, non contraignant, a suscité des divergences, quinze pays dont l'Italie et les États-Unis, s'étant retirés des négociations, notamment au motif qu'il risquait de compromettre la souveraineté nationale. Le cardinal Parolin a insisté pour que le Saint-Siège y participe, affirmant que l'Église était « convaincue que les énormes défis » posés par les migrations sont « mieux traités par des processus multilatéraux » que par des processus « isolationnistes ». Il a aussi affirmé qu'une gouvernance globale des migrations permettrait d'endiguer « la vague de racisme et de xénophobie ».

En septembre 2018 est signé l'accord secret – son texte n'est pas publié – entre le Vatican et la Chine ; il ouvre la porte aux nominations d'évêques reconnus par les deux entités et entraîne de vives critiques à son encontre, notamment celles du cardinal Joseph Zen qui demande sa démission l'accusant de « vendre l'Église catholique au gouvernement communiste ». Il reste le principal artisan de cet accord et de ses prolongations successives, par périodes de deux ans, en 2020, 2022 et 2024.


L'homme de l'ouverture au lobby LGBT

En 2019 il fait un geste d'ouverture au lobby LGBT, relevé par l'abbé Barthe : « Parolin avait reçu le 5 avril 2019, pendant plus d’une heure, des militants LGBT de haut vol, à savoir une cinquantaine d’avocats, magistrats, politiques, militant tous pour la décriminalisation de l’homosexualité. Le personnage-clé de cette délégation était le professeur émérite de criminologie de Buenos Aires, Raúl Zaffaroni, ami de longue date de Jorge Bergoglio, connu pour ses positions très libérales, son engagement pour la reconnaissance légale des « mariages » homosexuels, et pour la décriminalisation de l’avortement. Le Secrétaire d’État avait affirmé que l’Église condamnait « toutes les violences contre les personnes », ce qui engageait peu, tout en faisant par cette réception un geste d’une grande puissante symbolique. C’est moins grossier que la réception à déjeuner d’un groupe de femmes transgenres par le pape, mais c’est tout aussi significatif d’« ouverture ». Tout Parolin est là ».

En 2020, il qualifie de « réactions fondamentalement infantiles à un monde globalisé qui semble envahissant » le nationalisme et le populisme. Il leur oppose la Romanità qui signifie « véritable universalité, fraternité, ouverture aux autres et paix ». Ses commentaires, adressés à la communauté de Sant'Egidio, dont il n’est cependant pas le candidat pour le trône pontifical, ont été alors qualifiés comme une critique implicite d'une conférence tenue à Rome sur le conservatisme national intitulée « Dieu, l'honneur, la patrie » qui avait eu lieu quelques jours auparavant, et où intervenait notamment le premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file des nationalistes souverainistes en UE.


Un Papabile " Hostile à la messe traditionnelle "

En juin 2024, alors qu'il est déjà papabile déclaré, ou en tout cas considéré comme tel, sa campagne pour un renforcement des restrictions contre la messe traditionnelle, relayée par le secrétaire du dicastère pour le culte divin Mgr Viola, qui voulait beaucoup alors devenir cardinal, et le cardinal Fernandez, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le place sous les projecteurs. L'opération, qui n'est finalement pas soutenue par le pape François, met en lumière l'hostilité à la Tradition de l'Église que le cardinal Parolin s'employait pourtant à cacher sous des propos diplomates patelins et creux.

Selon College of Cardinals report d’Edward Pentin, « Pietro Parolin est depuis longtemps considéré par les diplomates laïcs comme un représentant papal fiable et digne de confiance sur la scène mondiale, quelqu'un qui semble être sur une trajectoire papale similaire à celle de l'ancien diplomate, le pape saint Paul VI », à l'exception évidemment de l'apostolat de ce Pape auprès des jeunes – le cardinal Parolin n'a pour ainsi dire aucune expérience pastorale ni en paroisse, ni en aumônerie.

Outre le cardinal Bertone qu'il a remplacé dans ses fonctions de Secrétaire d’État, le cardinal Parolin, alors encore nonce apostolique, a été proche du « cardinal Achille Silvestrini, également nonce apostolique et membre éminent du Groupe de Saint-Gall qui a tenté de contrecarrer l'élection du pape Benoît XVI en 2005 ».

En février 2020, le cardinal Parolin a été nommé président de la Villa Nazareth, un petit collège universitaire basé à Rome, régi par une fondation sous la supervision de la Secrétairerie d’État. Fondée en 1946 par le cardinal Domenico Tardini, Secrétaire d’État sous le pape saint Jean XXIII, pour accueillir les enfants pauvres et orphelins, la Villa Nazareth a été dirigée pendant de nombreuses années par le cardinal Achille Silvestrini, qui en a fait une école de formation d'élite largement gérée par des diplomates du Saint-Siège.

Selon Il Foglio , Silvestrini était le « puissant leader » de « l'aile gauche de l'Église catholique » à l'époque de Jean-Paul II, qui a contribué à transformer l'institution en une sorte de quartier général du progressisme , dont Giuseppe Conte, ex-premier ministre italien, a été élève, et l'archevêque Claudio Maria Celli, diplomate papal qui a joué un rôle important dans les relations actuelles entre le Saint-Siège et la Chine, est membre du conseil d'administration de l'institution.

Quand il s'installe aux commandes, comme le relève Riposte Catholique en 2020, il n'écarte guère les fruits pourris de la bureaucratie vaticane : « Pietro Parolin, cardinal depuis 2014, membre du comité de cardinaux destiné à faire au pape des propositions pour une réforme de la Curie, n’est pas vraiment l’homme d’un monde nouveau. Il n’a notamment nullement contribué à épurer les membres du « lobby homosexuel », ni écarté des hommes aussi contestés que Maradiaga, Coccopalmerio, O’Brien, Farrell, Paglia, Zanchetta, tous hommes du parti avec lequel il s’est installé aux commandes ».


De l'ouverture œcuménique...

Œcuménique, le cardinal Parolin avait salué en son temps le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé à Abou Dhabi par le pape François et le cheikh Ahmad Al-Tayyeb de l'université Al-Azhar au Caire, comme « un texte important qui mérite d'être compté parmi les efforts créatifs pour sauvegarder la paix ». Parolin considère le document comme faisant partie d'un « voyage » qui a commencé avec Nostra Ætate, la déclaration du Concile Vatican II qui enseignait que toutes les religions contiennent des éléments de vérité.

Il cite rarement le Christ comme étant essentiel à la paix et comme étant la solution à l’extrémisme religieux violent, mais promeut plutôt des valeurs évangéliques plus générales citées par d'autres obédiences, telles que la « fraternité », le sens de « l’humanité » et l’égalité de « citoyenneté ».


A "la table du Ramadan"

En mars 2025 le cardinal Parolin paraît « à la table du Ramadan », et ce en plein Carême, toujours sous le prétexte pratique de bâtir des ponts et faire des initiatives de dialogue et de paix : « le 17 mars, à Rome, à l’hôtel St. Regis, autour d’une même table, s’est tenue une rencontre interreligieuse pour approfondir la compréhension mutuelle, lancer un message universel de paix et une invitation à la réconciliation. Dans le but d’établir des ponts solides entre les communautés.

Cette première édition de « Il Tavolo del Ramadan – Iftar », en plein carême, réunissait le Secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, originaire de Vicence, l’ambassadeur du Royaume du Maroc auprès du Saint-Siège, Rajae Naji, promoteur de l’initiative avec l’organisation du Media International Communication Club – MICC ; Abdul Aziz, directeur du siège de Rome de la Ligue musulmane mondiale et le rav. Abdul Aziz, directeur du siège de la Ligue musulmane mondiale à Rome, et le rav Joseph Levi, grand rabbin de la communauté juive de Florence et du centre-est de la Toscane ».


Un homme ouvert à tout... sauf aux fidèles attachés à l'Usus Antiquior

Questionné par un journal vénézuélien en 2013 il affirmait alors être « ouvert à la discussion » de la pratique du célibat sacerdotal. « Le célibat n'est pas une institution, mais il est vrai qu'on peut en discuter, car, comme vous le dites, ce n'est pas un dogme, un dogme de l'Église ». Au passage, il affirmait aussi que l'Église devait « refléter l'esprit démocratique de son époque et adopter un mode de gouvernement collégial ».

Trois ans plus tard, il continuait ses clins d'œil progressistes démagogiques en affirmant qu'une femme pourrait un jour être nommée à son poste : « Une femme pourrait devenir Secrétaire d’État, dans la mesure où le rôle de Secrétaire d’État n'est évidemment pas lié aux sacrements ou au sacerdoce. Quoi qu'il en soit, je le répète, examinons le chemin parcouru, et le Seigneur nous dira jusqu'où nous pouvons aller ».


Un opposant déterminé à la liturgie traditionnelle

Comme le relève Collège of Cardinals report, « le cardinal Parolin a clairement exprimé en privé sa ferme opposition à la liturgie traditionnelle. Non seulement il a pleinement soutenu Traditionis Custodes, mais il a joué un rôle clé dans sa création. Il considère le décret papal comme un retour au Concile “pur” et le relie à d’autres réformes du pape François, comme Amoris Laetitia. Cela témoigne de son adhésion à la vision du pape François de mettre en œuvre plus pleinement une idée distincte de Vatican II et reflète l’ecclésiologie du cardinal, qui considère le Concile Vatican II comme un élément central d’un nouveau paradigme : une Église pleinement mondialisée, intégrant différentes langues.

En juin 2024, il est apparu que le cardinal Parolin soutenait des restrictions encore plus strictes, voire une interdiction générale, de la messe traditionnelle latine. Parolin aurait été rejoint dans son soutien par le préfet du Dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Claudio Gugerotti, et le nonce apostolique à Paris, l'archevêque italien Celestino Migliore ».


Un homme qui encense le dialogue et la synodalité mais fait peu de cas des fidèles

Le cardinal Parolin, sans expérience pastorale, a montré une fois de plus – comme pendant le Covid – son peu de souci des fidèles, et sa volonté d'ériger des murs de papiers entre les fidèles, et de mettre la bureaucratie au-dessus de la Foi.

Par ailleurs, en privé lors de l'enquête qui devait servir de base au motu proprio Fiducia Supplicans, le cardinal Parolin aurait déploré la vitalité de la messe traditionnelle auprès des jeunes et déclaré au sujet de celle-ci « nous devons mettre fin à cette messe pour toujours ! ». Mais il a toujours refusé de confirmer ou d'infirmer ces propos. Il serait aussi à l'origine du « signe concret » d'approbation du Novus Ordo exigé des communautés et des prêtres célébrant la messe traditionnelle.


Parolin face aux abus 

Sur les abus, le cardinal Parolin n’est guère ouvert à la transparence. Le journal suisse-allemand Sonntagblick du 6 janvier 2024 affirme que le cardinal Parolin a refusé d'ouvrir les archives de la nonciature en Suisse à deux chercheuses de l'université de Zurich, pourtant missionnées par les évêques catholiques suisses.

Un proche du cardinal Parolin en France a été mis en cause pour abus. Le cardinal Parolin s’était rendu les dimanche 4 et lundi 5 juillet 2021 dans l’archidiocèse de Strasbourg pour représenter le pape François à l’occasion du grand jubilé de sainte Odile, patronne de l’Alsace. Le 4 juillet, à l’occasion de la sainte messe à la cathédrale, il a ordonné Gilles Reithinger, des Missions Étrangères de Paris, comme évêque auxiliaire du diocèse. Ce dernier, bien que promis à une carrière ecclésiastique sous les meilleurs auspices, est rattrapé par l'affaire de Salvert en avril 2023 et accusé en 2023 d'abus par une des victimes des MEP au Japon – il renonce à sa charge pour « raisons de santé » mi-février 2024.


Un covidiste forcené

Mais il fut un covidiste forcené, autre point où le cardinal Parolin n'a pas hésité à soumettre l'Église au diktat des globalistes. Alors, comme le résume College of Cardinals, « pendant la pandémie du Covid, le cardinal a tenu à garantir ce que le Vatican considérait comme une réponse mondiale compatissante tout en appliquant l'un des mandats de vaccination les plus stricts au monde au Vatican ».

Pendant la pandémie, le Vatican a rendu obligatoire la vaccination à tous ces employés, et plusieurs gardes suisses ont été renvoyés sans ménagement pour l'avoir refusée. Début mai 2022, alors que la plupart des pays européens avaient levé leurs restrictions et l'UE déclaré la fin de l'urgence sanitaire, le cardinal Pietro Parolin « a prolongé dans un décret du 6 mai les restrictions du Vatican liées au Covid-19 jusqu'à la fin du mois ».

Comme le rappelait alors le NCR, « depuis le 23 décembre tous les membres du personnel, collaborateurs externes et visiteurs doivent présenter un ''super pass vert'' pour entrer sur le territoire du Vatican. Ils doivent être vaccinés (avec un rappel) ou avoir récemment guéri du Covid-19. Les tests négatifs ne sont pas autorisés. L'absence du Super Green Pass est considérée comme une absence injustifiée entraînant une suspension de salaire », et le comble, « les exemptions religieuses ne sont pas autorisées. Le port du masque FFP2 de qualité médicale est obligatoire dans tous les espaces clos du Vatican ». En réalité, la vaccination est devenue obligatoire pour certains personnels bien avant. Un pass sanitaire à peine moins restrictif, permettant les tests négatifs, était alors exigé des visiteurs des musées du Vatican, des jardins, de Castel Gandolfo et des villas papales.


La preuve de la dureté par la garde suisse

Comme le confiait au journal suisse romand l'Illustré en octobre 2021 un des six gardes suisses renvoyé du Vatican, « j'ai juré d'obéir et de servir loyalement le souverain pontife pour autant que les ordres qu'on me donne soient logiques et que je les comprenne. Or, dans cette affaire la logique et le droit ont été bafoués. Même notre commandant a été mis devant le fait accompli […] j'ai mis ma vie civile entre parenthèses à un âge où on évolue professionnellement. Je me suis engagé à fond pour cette mission et du jour au lendemain on nous a dit, ''tu te vaccines ou tu pars''. […] Beaucoup de ceux qui font carrière à la Garde ont accepté la vaccination contre leur gré pour sauver leur place ».

Un autre des gardes suisses licenciés pour refus de se vacciner remarquait « nous avons quitté notre famille, nos amis, notre pays, notre job pour en apprendre un nouveau. Nous nous sommes investis sans retenue et avec foi dans cette mission pour, au final, nous faire jeter comme des pestiférés. C'est très dur à vivre et à accepter ».


L'Archétype des modernes négationnistes du dialogue

Lorsqu'une question ne plait pas au cardinal Parolin, il essaie de ne pas y répondre. Ainsi, « interrogé le 12 janvier » en marge d'une conférence à l'Accademia dei Lincei à Rome « par un journaliste italien, si Fiducia supplicans était une erreur, le plus haut diplomate du Vatican a répondu sèchement : "Je n'entre pas dans ces considérations ; les réactions nous disent qu'il a touché un point très sensible », relève alors ACI.

A ce moment, de nombreux évêques de toute l'Afrique et d'une grande partie de la chrétienté (Asie, monde russe, Europe de l'Est, partie des États-Unis, Chine...) ont refusé de bénir les unions homosexuelles et préféré rester fidèles au magistère plutôt que de suivre les errances théologiques du cardinal Fernandez et du pape François.

A ce moment le cardinal Parolin a précisé son propos, laissant entendre à peu près tout et son contraire : « "Ce document a suscité de très vives réactions, ce qui signifie que l'on a touché un point très délicat, très sensible, qui devra faire l'objet d'un examen plus approfondi […] L'Église d'aujourd'hui n'est pas celle d'il y a 2000 ans. L'Église est ouverte aux signes des temps, elle est attentive aux besoins qui surgissent, mais elle doit aussi être fidèle à l'Évangile, elle doit être fidèle à la tradition, fidèle à son héritage. Alors si ces ferments servent à cheminer à la suite de l'Évangile pour donner des réponses, ils sont les bienvenus».


Un homme d'ambiguïté

Néanmoins, comme il faut se garder des « exagérés », en octobre 2023 il a recadré le « chemin synodal allemand » en écrivant aux évêques que l'ordination des femmes au sacerdoce et l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité et les actes homosexuels n'étaient pas sujets à discussion. Et en février 2024 il les a menacés de sanctions s'ils rendaient permanents un « conseil synodal » qui imposerait ses décisions aux évêques.

En avril 2024 le cardinal Parolin a présenté un livre, intitulé Cinq questions qui agitent l'Église. Le titre du livre de 160 pages, en italien, renvoie à l'ouvrage « sur les cinq plaies de l'Église » du philosophe italien Antonio Rosmini. Ces cinq questions sont : À qui l’Église parle-t-elle aujourd’hui ? Comment l’Église peut-elle répondre au déclin de la pratique religieuse ? L’ouverture aux laïcs et aux femmes est-elle réelle ou n’est-elle qu’une façade ? Comment l’Église peut-elle parler aux gens d’aujourd’hui de l’égalité des sexes, du début de la vie et de la fin de la vie ?, où le cardinal propose de « faire mûrir un nouvel humanisme, qui enraciné dans le personnalisme chrétien, sache répondre aux questions d'aujourd'hui » et enfin la poursuite – ou non – des réformes du pape François.

Il lie ces réformes à « l'action de l'Esprit », qui curieusement n'est plus Saint, et affirme que « le dernier chapitre consacré à ces questions reste ouvert. Le discernement, qui n'est pas une simple intuition, mais le fruit d'une prière continue dans l'Esprit, indiquera, dans le temps détendu de ceux qui savent être patients, comment continuer et à quoi revenir sur le plan institutionnel. C'est précisément parce qu'il s'agit de l'action de l'Esprit qu'il ne peut y avoir de retour en arrière ».


Le Concile comme prophétie... irréversible ?

En 2017 déjà dans une conférence qu'il a donnée en 2017 à l'Université catholique d'Amérique. Intitulée « Le Concile : une prophétie qui se poursuit avec le pape François », il louait le caractère irréversible à ses yeux de Vatican II : Le cardinal Parolin considère le Concile Vatican II comme une rupture significative avec le passé, l'avènement d'un « nouveau paradigme d'une Église à dimension mondiale » et « irréversible » grâce au processus de synodalité.

« Nous savons que l’Église est «?semper reformanda?» (toujours réformée) dans le sens où elle doit toujours être ramenée à sa forme propre?», a-t-il déclaré, car – comme l’a enseigné le Concile Vatican II – si l’Église est toujours sainte, elle a toujours besoin d’être purifiée parce qu’elle englobe des pécheurs », a précisé le cardinal Parolin lors de cette présentation du livre au ministère de la Culture italien à Rome en présence d'autorités civiles et religieuses, qui n'a pas été plus disert sur les pécheurs qu'il désigne.


Le scandaleux accord avec la Chine

Le cardinal Casaroli sous Paul VI avait inversé la stratégie conflictuelle de Pie XII contre le communisme et les autres forces anticatholiques, recourant à la stratégie de l’Ostpolitik, c'est-à-dire une collaboration pragmatique par le compromis et la conciliation. Le cardinal Parolin semble avoir fait sienne cette stratégie.

Artisan du rétablissement des relations diplomatiques en 2005 entre la Chine toujours communiste et le Vatican, le cardinal Parolin ne s'en est pas tenu là et a été l'un des principaux négociateurs de l'accord avec la Chine – secret, puisqu'il n'a pas été publié et même les cardinaux chinois ne sont pas au courant de son contenu – sur les nominations d'évêques, défini comme provisoire à sa promulgation en septembre 2018. Il a été renouvelé en 2020, 2022 et 2024.

Avant les accords, deux Églises existaient en parallèle, mais avec des interpénétrations nombreuses, pour 10 millions de fidèles sur 1.4 milliards d'habitants. Une Église « clandestine », dirigée par une trentaine d’évêques reconnus par Rome et composée de catholiques refusant de soumettre leur pratique religieuse à l’approbation de l’État communiste. Et une Église catholique « officielle » gérée par l’État, l’Association catholique patriotique chinoise (ACPC), dirigée par soixante-dix évêques, dont plusieurs n’étaient pas, jusqu’à fin 2018, reconnus par Rome et dont quelques-uns ont été publiquement excommuniés par le pape Benoît XVI en 2011 pour avoir reçu l’ordination épiscopale sans mandat pontifical. En théorie l'accord légalise les évêques nommés par l'état chinois, qui désormais propose les noms, Rome étant censée avoir le dernier mot.

L'accord, qui laissait de côté les fidèles les plus fidèles et surtout les évêques de l'Église clandestine, a suscité de nombreuses critiques, non seulement de la part du cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, et de simples catholiques chinois affichant fidélité à Rome, mais aussi de la part d'éminents catholiques d'Europe et des États-Unis, qui ont accusé l'Église de s'être vendue à la Chine communiste au mauvais moment. Mais le cardinal Parolin le justifiait notamment par l'intérêt des fidèles, et le grand nombre, une quarantaine alors, de diocèses sans évêques.

Mais le cardinal Parolin et ses proches n'ont pas ménagé les gestes en faveur de la Chine. Ainsi, en 2018 Mgr Sorondo, chancelier de l’Académie Pontificale des Sciences, de retour d’un voyage à Pékin, a déclaré que « la Chine est le pays qui met le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Église » (Vatican Insider, 2 février 2018). Rien de moins. « C’est un pays, ajoutait-il, où le « bien commun » est la valeur première ; tout y est secondaire par rapport au bien commun ! ». Propos hénaurmes qui ont suscité à l'époque un certain remous dans les opinions occidentales, mais n'ont pas dévié le cardinal Parolin de son objectif : signer à tout prix.

Les conséquences de cet accord – et notamment la relation déséquilibrée entre la Chine et le Vatican, qui conduit ce dernier à accepter des nominations d'évêques faites par la Chine sans son accord, ainsi que d'avoir légalisé plusieurs évêques nommés par le régime dont deux se sont avérés mariés, a nourri les critiques contre l'efficacité et la réalité de l'action diplomatique du cardinal Parolin. Comme le relève College of Cardinals, « pour ses détracteurs, le cardinal Parolin est un progressiste moderniste, doté d'une vision mondialiste, un pragmatique qui place l'idéologie et les solutions diplomatiques au-dessus des vérités religieuses ».

En 2024, l'accord a été prolongé pour quatre ans ; comme le relève Riposte Catholique qui en fait le bilan en octobre, « si l'objectif du Saint Siège est l'unité de l'Église chinoise et sa liberté, il faut reconnaître que six années d'accords secrets ont éloigné l'objectif plutôt que de l'en approcher. Les résultats concernant les nominations d'évêques (qui ont d'ailleurs eu lieu même sans accords secrets) ont été misérables : seuls neuf évêques ont été nommés en six ans, alors que plus de 30 diocèses restent non couverts (un tiers du total). En outre ces nominations ont donné l'impression de suivre le scénario selon lequel Pékin décide et le Vatican approuve ».

Par ailleurs, deux évêques ont été nommés par la Chine sans l'accord de Rome, qui s'est ensuite soumise. Résultat de l'accord en septembre 2024 : « 11 évêques avaient été nommés en Chine depuis la signature de l’accord provisoire en 2018 : six au cours des deux premières années, trois en janvier 2023, un en juin 2024 et un en août 2024 ».

Par ailleurs Pékin, comme jadis Bonaparte, a imposé sa géographie ecclésiastique au Saint-Siège : 104 diocèses contre 147, créant en novembre 2022 un diocèse à Jianxi et en janvier 2024 un diocèse à Weifang – le Vatican a dû se soumettre à chaque fois. De tels actes de soumissions ne peuvent avoir qu'un prix qui est tout sauf spirituel.

« A ces maigres résultats, tous déséquilibrés en faveur de Pékin, il convient d'ajouter que les accords ont abouti à la reconnaissance de facto de l'Association patriotique des catholiques chinois, qui est l'organe créé et contrôlé par le Parti Communiste et auquel appartiennent évidemment les deux évêques chinois présents ay synode sur la synodalité […] La reconnaissance de l'Association Patriotique et l'invitation à y adhérer ont eu pour effet collatéral et évident d'accroître la persécution de ceux qui refusent de se soumettre au Parti […] qui risque de s'intensifier grâce au silence du Saint-Siège, plus soucieux de maintenir de bonnes relations avec Pékin que de défendre les catholiques chinois ». Pie XII a été piétiné dans sa tombe.

En 2022 EWTN revenait dans un long article sur les accords et leur application, citant un prêtre de Hong Kong plutôt critique : « À quoi bon nommer des évêques dans chaque diocèse si ces évêques agissent contre la loi divine et le droit canon ? » a déclaré un prêtre de Hong Kong, faisant référence à l'évêque An Shuxin du diocèse de Baoding, qui aurait appelé tout le clergé à s'inscrire auprès de l'Église « patriotique » et ordonné le refus des sacrements aux catholiques locaux refusant d'accepter les membres du clergé inscrits. Pendant ce temps, a souligné le prêtre de Hong Kong, l'évêque clandestin du même diocèse, l'évêque James Su, est emprisonné depuis plus de 25 ans et le Vatican est resté totalement silencieux au sujet de son arrestation ».

Le cardinal Parolin n'écoute d’ailleurs que ceux qui l'arrangent – pas les catholiques chinois. EWTN cite amplement le père Bernardo Cervellera, prêtre de l'Institut pontifical pour les missions étrangères et rédacteur en chef d' AsiaNews pendant 18 ans, qui y déclare que « les propos du cardinal Parolin sur la « bonne foi » n'étaient qu'une « manœuvre politique visant à inciter la Chine à s'engager davantage dans le dialogue avec le Saint-Siège », à l'époque au point mort après deux refus successifs de Xi Jinping de rencontrer le pape François lors d'événements internationaux ou lorsqu'il est venu à Rome en 2019.

« Le véritable problème, c'est que le Secrétaire d’État n'écoute pas les Chinois », a déclaré le père Cervellera. Un point de vue partagé par le prêtre de Hong Kong, qui a souligné que, sous le pontificat de Benoît XVI, il existait au Vatican une commission chinoise, composée d'un cardinal, d'évêques et de prêtres chinois, chargée de conseiller le pape, mais que cette commission « a cessé de se réunir sous ce pontificat ». Des personnalités comme le cardinal Zen et l'archevêque Savio Hon, ancien secrétaire de Propaganda Fidei, « ne sont plus écoutées », a-t-il ajouté ».

La méthode Parolin a d’autres limites. La question de l'efficacité de sa diplomatie – et des progrès réels pour les catholiques – peut aussi se poser, et pas seulement en Chine. Investi dans des discussions avec Israël depuis le milieu des années 2000, il n'a abouti à rien puisque les questions centrales de la propriété et des droits fiscaux des biens du saint Siège en Israël, que le gouvernement ultra-orthodoxe conteste de plus en plus fort, restent aujourd'hui sans solution.

Quant à la situation des chrétiens, catholiques ou non, en Israël, elle ne cesse de se dégrader – 111 agressions christianophobes en Israël en 2024 contre 89 en 2023, avec de nombreux crachats et agressions physiques contre des clercs par des militants ultra-orthodoxes ; la police et la justice israéliennes, elles, regardent ailleurs – l'appui des ultra-orthodoxes à la Knesset reste indispensable au maintien de l'actuel gouvernement, engagé dans des conflits et des tensions diplomatiques avec la quasi-totalité de ses voisins, et violemment contesté à l'intérieur sur le sort des otages ou l'indépendance de la Justice.

Très investi au Venezuela lors du vivant d'Ugo Chavez, il a été invité en 2014 par son successeur, le président Nicolás Maduro, en tant que médiateur dans les pourparlers entre son gouvernement et l'opposition, alors que les violences avaient fait des dizaines de morts dans les pires troubles que le pays ait connus depuis des décennies. Les pourparlers soutenus par le Vatican en 2017 ont échoué après le retrait de l'opposition vénézuélienne.

Autre échec du Vatican sur la scène internationale, le Nicaragua, où la situation des catholiques ne cesse de se dégrader avec le retour du président des années 1979 à 1990, Daniel Ortega, de plus en plus opposé à l'Église catholique, bien que la moitié de la population du pays soit catholique. Évêques et prêtres arrêtés et expulsés du pays après avoir été déchus de leur nationalité, représentation diplomatique vaticane fermée en 2023, ordres religieux et universités chassés, biens de l'Église confisqués, religieuses expulsées en janvier 2025, églises attaquées, processions de la semaine Sainte interdites... la situation ne cesse de se dégrader, mais le Vatican reste étrangement silencieux, se contentant d'accueillir les religieux nicaraguais expulsés.

Comme en Chine, le cardinal Parolin paraît plus soucieux de maintenir ses accords et les gages donnés aux globalistes, plutôt que de défendre les catholiques persécutés. Il n'est pourtant pas avare de long discours creux pour défendre sa diplomatie et sa méthode. Mais comme devise, trois mots auraient suffi au cardinal Parolin : soumis au monde.

Un bureaucrate au cœur des réformes de la Curie, mais avec quel résultat ? En tant que Secrétaire d’État, le cardinal Parolin reste discret sur la réforme de la Curie, l'une des missions confiées au pape François dès son élection. « Mais », selon Collge of Cardinals report qui cite le « vaticaniste italien Andrea Gagliarducci, Parolin a aidé la Secrétairerie d'État à retrouver sa position de guide et de coordination de la Curie romaine. Elle agit désormais également comme une sorte de « régulateur » des réformes du pape François, Parolin émettant des décrets pontificaux (rescrits) au nom du pape – un changement visant à accélérer la mise en œuvre des réformes. Sous la direction de Parolin, la Secrétairerie d'État exerce également une influence diplomatique accrue, distinguant les initiatives pastorales des initiatives diplomatiques et privilégiant le pragmatisme diplomatique ».

« En 2017, le pape François a réorganisé la Secrétairerie d’État en créant une « Troisième Section ». Cette nouvelle section est censée manifester « l’attention et la proximité » du pape à l’égard du personnel diplomatique. La création de la Troisième Section aurait étendu l'influence de Parolin, lui permettant d'exercer une surveillance et un contrôle plus directs sur toutes les personnes travaillant pour la Secrétairerie d’État. Au cœur des changements curiaux de François, Parolin « a progressivement acquis un rôle de plus en plus central ». Contrairement aux prévisions initiales, la Secrétairerie d'État « bureaucratique » est le seul bureau dont la structure a été renforcée par les réformes, et même son influence ».


L’argent ne fait pas le bonheur : 150 millions d'euros envolés

Il a aussi supervisé dès 2014 des initiatives pour la réduction des coûts et de la réduction des déficits budgétaires... avec une absence de résultat patente dix ans plus tard puisque comme le relève Riposte Catholique en mars dernier, le déficit du Vatican, de 78 millions d'euros en 2022 et 83.5 millions d'euros en 2023, était encore de 70 millions d'euros en 2024 malgré de nombreuses ventes de biens, quant au budget 2025, il avait été une première fois retoqué par les cardinaux censés surveiller les comptes, avant que le budget de 2024 ne soit reconduit, avec un déficit prévu de 7%.

Depuis que le cardinal Parolin est Secrétaire d’État, la bureaucratie vaticane se porte bien, mais ses revenus, moins : « les revenus proviennent en partie des dons, environ 240 millions d'euros annuels, en baisse constante, du patrimoine immobilier locatif pour 85 millions, et de revenus divers pour 140 millions. Le denier de Saint-Pierre alimenté une fois par an par une quête mondiale aurait chuté ''de moitié depuis une dizaine d'années'', se stabilisant à une moyenne de 45 millions d'euros entre 2021 et 2023. Pire, le fonds de pension de retraite des personnels du Vatican concerne 5000 personnes et se trouve en déficit de 350 millions... à 1 milliard selon les hypothèses ».

Le cardinal Parolin s’est trouvé au cœur des scandales financiers du Vatican, mais n’a jamais été inculpé. Une partie de la mauvaise santé financière du Vatican est directement imputable au cardinal Parolin, ou tout au moins à ses proches. Visiblement, le grand diplomate est moins « pragmatique » pour savoir s'entourer, et un de ses proches est mis en cause en France pour abus, tandis que d'autres ont durablement plombé les comptes du Vatican.

L'on comprend mieux aussi pourquoi en 2016 le cardinal Parolin avait fait capoter le premier audit financier du Vatican, en exigeant de PricewaterhouseCoopers, désigné par le cardinal Pell en 2015 pour certifier tous les comptes du Vatican, chaque année, d'exclure la secrétairerie d'État du périmètre de l'audit, ce qui le rendit sans objet. Le 12?avril?2016, un courrier d’Angelo Becciu, envoyé à tous les services, annonce la suspension de l’audit de Price Waterhouse Coopers. Les comptes publics ne seront pas certifiés.

Par ailleurs le rôle du cardinal Parolin dans la démission forcée du premier auditeur général du Vatican, Libero Milone, est toujours sujet à interrogation. Pour rappel, le cardinal Parolin avait signé le décret de nomination de Milone en 2015, mais lorsque ce dernier a commencé à découvrir des malversations financières lors de son audit, ses bureaux ont été perquisitionnés deux ans plus tard sur ordre de Becciù et il a été contraint de démissionner. « Milone a déclaré que lui et Parolin avaient néanmoins entretenu de « bonnes relations » dans les années qui ont suivi, mais que Parolin n'avait pas agi pour blanchir Milone, ce qui a obligé l'ancien auditeur et son adjoint, Ferruccio Panicco, à poursuivre le Vatican en dommages et intérêts. « Le cardinal Parolin a toujours semblé vouloir aider, mais n'a jamais aidé », a déclaré Milone »

Le sabotage des efforts de réforme financière du Vatican en 2015-2016 avait certainement pour objectif d'empêcher les auditeurs de découvrir les micmacs de la secrétairerie d'État. Mais ceux-ci explosent au grand jour en 2019 avec qui est devenu « l'affaire Becciu », ou ce dernier, proche de Parolin, avait investi dans un immeuble de Londres grevé d'une hypothèque, ce qui a conduit à des pertes estimées entre 150 et 200 millions d'euros pour le Vatican. L'affaire de « l'immeuble de Londres » dévoile en réalité, comme des poupées russes, tout un bric à brac d'arrangements et de détournements, notamment liés à la diplomatie parallèle du Vatican (lire ci-dessous) ou en faveur d'une coopérative sociale gérée en Sardaigne par le propre frère de Becciu. Bien des pistes, ouvertes par les juges, restent sans réponse face au mutisme de Becciu.

Du reste, enquêteurs comme défense ont été noyés sous le papier : d'après le décompte de The Pillar, « 69 témoignages ont été entendus, 12 4563 pages imprimées et électroniques, et 2 479 062 fichiers présentés par l'accusation. La défense a déposé plus de 20 000 pages avec des pièces jointes, tandis que les parties civiles en ont présenté 48 731 ».

Les fonds eux-mêmes qui ont payé « l'immeuble de Londres » et d'autres dépenses auraient dû être gérés avec le plus grand soin : il s'agit, comme le relève à l'époque Cath.ch, d'un « tesorino », petit trésor, de 600 millions d'euros, issus de la collecte du Denier de Saint-Pierre et géré par la secrétairerie d'État.

Le cardinal Becciu, ex-nonce apostolique en Angola, découvre le « tesorino » à son arrivée en 2011 et veut le faire fructifier. Il propose alors « un investissement dans une holding pétrolière d’Angola. Il contacte Enrico Crasso, employé de Crédit Suisse Italy, et qui est un consultant régulier de la Secrétairerie d’État. L’affaire est soumise à Raffaele Mincione, banquier italo-britannique, qui propose d’orienter l’argent vers un fonds qu’il dirige, Athena Capital. Un trio se constitue : Mincione-Crasso-Tirabassi. Cependant, de nombreux signaux d’alerte et des refus de crédit par les banques sont ignorés par Mgr Becciu, qui donne l’ordre de constituer le fonds nécessaire à l’opération : près de 150 millions d’euros sont versés à Athena Capital. C’est alors que le trio susmentionné déconseille l’investissement angolais, et le fonds est restructuré pour permettre des investissements très risqués ».

En l'occurrence, en?2014, Enrico Crasso propose une participation dans un immeuble de 17?000?mètres carrés, à Londres, récemment acquis par Raffaele Mincione. Ce dernier nourrit de grands projets pour ce bâtiment qu’il veut transformer en complexe d’habitations haut de gamme. Aucune demande de permis de construire n’a pourtant été déposée, et Mincione se garde bien de dire qu’il s’est déjà endetté à hauteur de 97?millions de livres sterling pour financer cette opération.

Du reste, les responsables du Vatican n'enquêtent pas plus sur son passif avec le fonds de retraite qu'il gère, Enasarco, et dont les responsables soupçonnent qu'il s'est servi dans les fonds pour financer des investissements personnels qui se sont avérés désastreux. Il est aussi cité, comme l'intermédiaire Alberto Matta mis en cause par l'IOR en 2016, la banque du Vatican, dans l'affaire de l'acquisition de l'immeuble de la Bourse des valeurs de Budapest, dans une autre affaire : la faillite frauduleuse de la Banca popolare di Vicenza, qui a fait disparaître les économies de 117?000?petits actionnaires. Cette banque était basée à Vicence, sur les terres natales du cardinal Parolin. Bref, Becciu – et avec lui Parolin – sait s'entourer de collaborateurs rompus aux escroqueries en tous genres.

Selon la reconstitution des enquêteurs, «en?2014, la valeur nette du bien est de 32?millions de livres sterling», ce qui ne va pas empêcher les financiers de l’estimer à sept fois plus?: 230?millions ». Le cardinal Parolin a-t-il mis en œuvre la même « bonne foi » qu'il a envers les communistes chinois ou l'islam ? Toujours est-il qu'il laisse faire le cardinal Becciu.

« Raffaele Mincione, ayant le contrôle total du fonds, va utiliser une partie de cette somme pour divers investissements mobiliers. Mais avec la plus grande partie de la somme, il va proposer à la Secrétairerie d’État d’acquérir un immeuble londonien qui deviendra l’emblème de toute cette affaire : le 60, Sloane Avenue, dans le quartier de Chelsea». Après le passage par divers intermédiaires, notamment Raffaele Mincione, Enrico Crasso, et un certain Gianluigi Torzi, qui ont su profiter de la complexité du montage et de relations de proximité liées à d'autres affaires qu'ils géraient pour le compte de la Secrétairerie d'État, le Vatican récupère son bien en mai 2019 moyennant le versement de 15 millions d'euros, mais la perte s'avère dix fois supérieure.

Comme le relève College of Cardinals Report, « le cardinal Parolin semblait initialement avoir peu de connaissance de l'accord, affirmant que le fonds en question semblait être « bien géré », mais que la transaction était « plutôt opaque » et que son bureau « essayait de la clarifier ». Certains rapports ont affirmé que la transaction impliquait l'utilisation de fonds du Saint-Siège destinés aux plus démunis et avait été financée par des prêts. Becciu a toutefois nié ces accusations, affirmant que de tels investissements immobiliers étaient « une pratique courante pour le Saint-Siège ».

Une enquête sur cette transaction immobilière a été ouverte en 2019 après que Parolin et d'autres dirigeants de la Secrétairerie d'État ont tenté de faire pression sur l'Institut des Œuvres de Religion (la Banque du Vatican) pour qu'il accorde un prêt de 150 millions d'euros à la Secrétairerie afin de refinancer l'hypothèque sur la propriété. Cette démarche a conduit à une plainte auprès des autorités financières du Vatican.

Il est apparu au cours des investigations que le cardinal Parolin était au courant de l'accord conclu à Londres avec Gianluigi Torzi, un courtier qui a facilité l'acquisition par le Vatican de la pleine propriété du bien londonien, et l'avait approuvé. Les procureurs ont affirmé que Parolin, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires, n'avaient pas pleinement compris la modification du contrat de Torzi, qui lui accordait tous les droits de vote dans le cadre de l'accord. Malgré son implication dans ces aspects du scandale, le cardinal Parolin n'a pas été inculpé ».

C'est au contraire le cardinal Becciu qui a été le principal perdant de l'affaire : il dut démissionner de sa charge, perdit tous les droits liés au cardinalat en 2020 et fut, malgré une invitation au Consistoire en août 2022, déféré devant la justice vaticane avec d’autres hauts fonctionnaires romains, le Suisse René Brülhart, ancien président de l’Autorité d’information financière (AIF), le gendarme financier du Saint-Siège, Mgr Carlino, longtemps secrétaire particulier d’Angelo Becciu, et Mgr Crasso, ancien gestionnaire du patrimoine réservé de la Secrétairerie d’État. Cependant devant le scandale, la Secrétairerie d'État a finalement été dépouillée de son portefeuille d'investissements au profit de l'APSA (administration du patrimoine du siège apostolique).

Finalement, en décembre 2023, dix prévenus sont condamnés : « le cardinal Becciu, ancien substitut (Sostituto) de la Secrétairerie d'État, a été condamné à une peine de cinq ans et six mois. Son avocat a déclaré qu'il ferait appel du verdict. Enrico Crasso, consultant financier à la Secrétairerie d'État du Vatican, a été condamné à une peine de sept ans. Cecilia Marogna, une soi-disant consultante en sécurité, a été condamnée à trois ans. Raffaele Mincione, un homme d'affaires italien, a été condamné à une peine de cinq ans. Fabrizio Tirabassi, ancien employé du Secrétariat d'État, a été condamné à sept ans de prison. Gianluigi Torzi, un homme d'affaires italien, a été condamné à une peine de six ans ».

Mais un nom est curieusement absent, alors qu'il dirige la secrétairerie d'État tout le temps des manœuvres financières étranges : le cardinal Parolin. En décembre 2024, Giuseppe Pignatone, président du tribunal de la Cité du Vatican, atteint par la limite d'âge, peut partir à la retraite tranquille après la fin du procès des inculpés de l'affaire Becciu : « le 29 octobre 2024, le juge Pignatone a déposé les motivations du procès sur la gestion des fonds du Saint-Siège, surnommé procès de « l’immeuble de Londres » qui était au centre du déclenchement de cette affaire. Pour mémoire, le 16 décembre 2023, neuf des dix accusés se voyaient condamnés à diverses peines, dont le cardinal Angelo Becciu, ancien substitut de la Secrétairerie d’État. C’est à partir de ce document de 800 pages que les protagonistes pourront éventuellement faire appel, ce que le cardinal Angelo Becciu, qui clame son innocence, a déjà annoncé. Le promoteur de justice, Alessandro Diddi veut lui aussi se pourvoir en appel ».

Le nom cardinal Becciu apparaît dans les médias de nouveau en lien avec un énième scandale lié à la gestion de l'Église. Une dépêche ANSA de février 2025 mentionne en effet une enquête judiciaire qui vise son frère, Antonino Becciu, gérant de la coopérative sociale SPES, et Mgr Corrado Melis, évêque d'Ozieri, en Sardaigne, au sujet de la gestion de 2 millions d'euros alloués au diocèse entre 2010 et 2020 provenant du fond des 8 pour 1000 (otto per mille) – la part de 0.8% de leur revenus que les italiens peuvent depuis 1986 attribuer à la conservation du patrimoine ou les 12 cultes qui ont conclu un accord pour en bénéficier.

Pour rappel, lors du procès de l'immeuble de Londres au Vatican en 2022, le cardinal Becciu avait reconnu avoir envoyé deux paiements de 25.000 et 100.000 euros à la coopérative Spes gérée par son frère et refusé de répondre à d'autres questions sur le sujet, après avoir affirmé lors de l'enquête qu'il les avait fait pour aider un « diocèse en difficulté », alors qu'il avait au même moment des disponibilités de 2 millions d'euros. .

Des détournements du cardinal Becciu justifiés par la diplomatie du Vatican ?

En juillet 2021, Paris Match qui revient sur les affaires financières liées à la Secrétairerie d'État lève un autre lièvre : « Entre décembre?2018 et juillet?2019, il fait ainsi transférer 575?000?euros vers le compte slovène de sa conseillère, Cecilia Marogna. Des messages sur un téléphone saisi indiquent que la dépense est libellée, à la demande de Becciu, comme une «contribution volontaire pour mission humanitaire» et présentée comme un coup de main pour faciliter les négociations en vue de la libération d’une sœur colombienne otage au Mali.

. «Ces fonds étaient destinés à des activités de renseignement», expliquera Cecilia Marogna, qui a été incarcérée l’automne dernier pendant dix-sept?jours à Milan mais pas encore présentée à un juge. […] Interrogé, Mgr?Becciu fait savoir, par le biais de son avocat, que ces décisions étaient prises «en accord avec le Saint-Père». Niant catégoriquement les accusations d’appropriation et de détournement, il se refuse à tout commentaire, opposant le «secret politique pour la sécurité de l’État». Il en va de même pour l’investissement dans l’immeuble londonien. Ce n’est pourtant pas Mgr?Pietro Parolin, signataire des documents, qui comparaît devant les juges, mais bien Becciu, son ancien substitut ».

Originaire de Cagliari – encore la Sardaigne, et officiellement « manager », elle se décrivait, rappelle Fanpage.it le 19 décembre 2023, comme une « analyste, experte du renseignement estimée par les plus hauts gradés des services de renseignement italien et dans les relations avec le Moyen-Orient ». Elle aurait rencontré le cardinal Becciu en 2016, et affirmait alors que « le Vatican avait besoin d'une diplomatie parallèle dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, notamment pour réduire les dangers que représentent les groupes terroristes qui y sont présents pour les nonciatures et les missions ». Arrêtée en 2020 pour détournements de fonds – près de 400.000 euros auraient été dépensés en vêtements de luxe, fauteuil en cuir, parfums, elle aurait déclaré à la Reppublica qui l'accusait d'être « entretenue par le Cardinal », après sa condamnation : « et même si c'était le cas, est-ce un crime ? ». Lors du procès du cardinal Becciu et de ses co-prévenus, il était aussi apparu qu'elle avait passé une nuit, du 16 au 17 septembre 2020, dans ses appartements au Vatican.

La Stampa relève en décembre 2023 au moment de sa condamnation à trois ans et neuf mois de prison que « le promoteur de justice de la Cité du Vatican, Alessandro Diddi, a déclaré récemment '‘Le Pape n'a pas autorisé le transfert d'argent » à cette dame, « car il ne savait rien d'elle, mais à la société britannique Inkermann ». Quel a été le rôle du cardinal Parolin dans cet embrouillamini ? La question reste sans réponse.


La crise de l'ordre de Malte, l’affaire du cardinal Pell

En 2016-17, le cardinal Parolin se trouve au cœur d'une querelle à priori doctrinale au sein de l'Ordre de Malte, que lui-même qualifie de « crise sans précédent ». Cependant c'est un véritable changement de direction qui est mis en route, où le cardinal Parolin fait peu de cas du caractère souverain de l'ordre et privilégie ses amis.

Derrière le prétexte affiché d'une décision disciplinaire et de divergences doctrinales entre membres, son rôle financier transparaît lorsqu'en juin 2020 il nie avoir été impliqué dans une quelconque tentative de détournement du fonds suisse de plusieurs millions de dollars de l'Ordre de Malte vers le Vatican - une raison que certains soupçonnaient d'être à l'origine de son implication et de celle du Vatican dans le conflit entre Festing et Boeselager.

Comme le relève College of Cardinals Report, qui résume cette affaire complexe, le cardinal Parolin « était ami avec Albrecht Freiherr von Boeselager, Grand Chancelier de l'Ordre et chef de file des réformateurs modernistes. Ils avaient noué une relation amicale entre eux lorsque, de 1989 à 2014, Boeselager était Grand Hospitalier, responsable des actions humanitaires internationales de l'Ordre et souvent en contact avec Parolin lors de ses tournées diplomatiques. Le 6 décembre 2016, le Grand Maître de l'Ordre, Fra' Matthew Festing, a renvoyé Boeselager pour insubordination après qu'il eut résisté à une instruction disciplinaire prise contre lui pour avoir été responsable de la distribution de centaines de milliers de contraceptifs dans les pays en développement lorsqu'il était Grand Hospitalier. Boeselager a contesté l'accusation, portée par Festing sur la base d'une enquête menée l'année précédente par une commission de trois personnes.

En raison d'une « irrégularité perçue » dans la procédure de renvoi, qui avait « profondément divisé l'Ordre », Parolin décida de créer une commission de cinq personnes, tous généralement favorables aux réformes libérales, pour enquêter sur la distribution de contraceptifs et sur les motifs du renvoi de Boeselager. Trois membres de la commission, ainsi que Boeselager, étaient impliqués dans un mystérieux legs de 118 millions de dollars à l'Ordre, déposé dans un trust suisse.

Moins d'un mois après sa création, la commission Parolin a déclaré Boeselager innocent de tout acte répréhensible. En janvier 2017, Festing a été invité à une audience privée avec le pape François. Selon certaines sources, François aurait demandé à Festing de démissionner sur-le-champ, et ils ont rédigé ensemble une lettre de démission. Le pape a ensuite ordonné la réintégration de Boeselager, a démis le cardinal Burke de toutes ses prérogatives et fonctions à l'égard de l'Ordre, a annoncé la nomination d'un nouveau délégué pontifical auprès de l'Ordre et a déclaré que le Saint-Siège superviserait un examen de l'ancienne entité souveraine et guiderait sa réorientation »

Quel rôle a joué ma Secrétairerie d’État dans l'affaire du cardinal Pell ? L'on se rappelle qu'en 2014, le pape François a choisi le cardinal Pell comme Secrétaire à l'Économie pour assainir les finances du Vatican, et que les cardinaux Becciu et Parolin ont concordé leurs efforts pour empêcher l'audit des finances du Vatican, puis pousser l'auditeur indépendant Libero Milone à la démission. Le cardinal Pell, qui avait annoncé au journal italien Il Sole 24 Ore vouloir réduire la bureaucratie et rendre plus autonome chaque dicastère pour ses dépenses – soit une double déclaration de guerre à la centralisation bureaucratique du cardinal Parolin – se retrouve lui aussi dans la tourmente.

Le 18?juin?2017, l’information est transmise par le cardinal Pell à la Secrétairerie d’État?: la police australienne le met en cause dans une affaire de pédophilie. Une semaine plus tard, comme l’écrit l’historien Henry Sire, «les allégations d’abus sexuels visant le cardinal Pell vont être annoncées en salle de presse dans un déploiement excessif». En coulisse les antis réformes se réjouissent. En mars 2019, bien qu'il clame son innocence, il est condamné à six ans de prison, peine confirmée en appel en août 2019 et incarcéré pendant quatre?cent quarante?jours. Il est ensuite innocenté par les sept magistrats de la Haute Cour d’Australie, à l'unanimité, pour manque de preuves, et libéré dans la foulée.

À son retour à Rome – où le pape François lui avait gardé ses affaires et son appartement, à l’automne?2020, le cardinal Pell explique que son dossier a été monté de toutes pièces. Au quotidien La Repubblica, il déclare que «?toute personne ayant joué un rôle de premier plan dans la réforme financière a été attaquée dans les médias et atteinte dans sa réputation?».

Or, en octobre 2020, l'existence de virements d'un total de 700.000 euros émis en 2018, qui ont été adressés par la Secrétairerie d'État, à l'initiative du cardinal Becciu, à un témoin australien dans l'affaire d'abus sexuels mettant en cause le cardinal Pell est reconnue par l'organisme australien de surveillance de la délinquance financière, l'Austrac.

Bref, si Pietro Parolin devient Jean XXIV, plutôt que les cloches de Saint-Pierre, on pourra faire sonner des casseroles.

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