Notre lettre 332 publiée le 24 avril 2012

LA FORME EXTRAORDINAIRE EN SUÈDE : UN CAS EXEMPLAIRE

Depuis fin 2011, la Lettre de Paix liturgique compte une septième édition étrangère mensuelle : en suédois. Au regard du petit nombre de catholiques du pays, le coût de développement de cette édition peut sembler exagéré mais, en fait, la Suède est emblématique de la Nouvelle Évangélisation désirée par le Saint Père. Au pays de saint Éric, où le luthéranisme est religion d'État, le catholicisme retrouve peu à peu droit de cité après de longs siècles d'oppression. L’action de Mgr François Bacqué, archevêque français d’origine bordelaise, qui fut nonce apostolique en Scandinavie de 1985 à 1988, a par ailleurs donné une intéressante inflexion traditionnelle.


I – ENTRETIEN AVEC L’ASSOCIATION À LA MÉMOIRE DU CARDINAL DANTE (les Amis suédois de l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre)


Illustration des mutations en cours, depuis le Motu Proprio Summorum Pontificum la forme extraordinaire du rit romain a trouvé un terreau favorable dans le pays, quatre messes dominicales hebdomadaires y étant désormais célébrées. Pour découvrir ce catholicisme, nous avons interrogé David Modin et Jon Emil Kjölstad, dirigeants de l'Association à la Mémoire du cardinal Dante[1] – les amis suédois de l'Institut du Christ-Roi –, qui sont parmi les artisans du retour de la liturgie traditionnelle dans le pays.


1) Vu de France, pays où la déchristianisation va bon train, on a le sentiment que le catholicisme se porte bien en Suède ? Est-ce vrai ? Quelle place occupe aujourd'hui la religion de sainte Brigitte dans le pays ?

La situation est plus complexe qu'il n'y paraît. L'histoire, il en est fréquemment ainsi, nous fournit une clé précieuse. Pour la religion luthérienne d'État, le catholicisme, c'est l'ennemi de toujours. Depuis la Réforme, être Suédois est donc synonyme d'anticatholicisme, ce en quoi on peut comparer la Suède à l'Angleterre. Une certaine identité suédoise s'est donc construite en opposition à Rome. En 1870 encore, trois Suédoises furent condamnées à mort pour s'être converties au catholicisme, ce qui n'avait d'ailleurs pas manqué de choquer une Europe sensiblement moins... insulaire. On dut en fin de compte se contenter de les exiler, puis la législation fut adoucie. Néanmoins, il fallut attendre 1952 pour voir abrogée la loi interdisant les monastères, ce qui est tout de même significatif. Aujourd'hui, dans un relativisme ambiant et une Suède parfaitement sécularisée, la religion catholique gêne surtout du fait de son insistance sur le droit naturel.

Mais revenons, si vous le voulez bien, à l'histoire. Ainsi donc, jusqu'à une date assez récente, le catholicisme était réputé incompatible avec l'identité suédoise. Assimilé, dans les esprits, à l'Europe méridionale, il pouvait en effet paraître exotique dans un pays désormais acquis à la Réforme et par ailleurs fortement homogène sur le plan ethnique depuis des millénaires. Progressivement, à partir de 1945, l'immigration et l'érosion du sens patriotique changèrent la donne, jusqu'à ébranler la notion d'identité suédoise elle-même. Il y eut d'abord, après la Guerre, l'arrivée de réfugiés polonais et hongrois, puis, un peu plus tard, celle d'une main d'œuvre italienne, toutefois sans que ceci ne changeât grand chose à la facture du pays.

À la fin des années 1980, c'est surtout des Balkans que vint l'immigration. Elle a depuis fortement grossi en nombre et changé de caractère, devenant, ce qui ne s'était jamais vu en Scandinavie, extra-européenne, irakienne et africaine notamment. De ce fait, le discours suédois officiel s'est modifié, et on pourrait dire que l'Église catholique de Suède joue désormais la carte du multiculturalisme, profitant notamment de la sympathie d'une certaine élite pour l'islam. Aussi peut-on dire que l'Église catholique en Suède a aujourd'hui largement renoncé à être suédoise. Ce sont désormais les Polonais, les Orientaux et les Africains qui, de plus en plus, constituent, pour ainsi dire, le gros des troupes.

Parlons donc de ces troupes. Sur une population de près de 9 000 000 d'habitants, on estime à 160 000 le nombre des catholiques. Il n'y a pas de recensement religieux officiel, aussi faut-il se satisfaire d'estimations. Les catholiques inscrits en paroisse sont nettement moins nombreux, de l'ordre de 90 000 âmes. Les vocations sont rares.

Ainsi, après 50 ans d'aumônerie polonaise et malgré le grand nombre de Polonais vivant en Suède, on ne compte quasiment pas de vocations polonaises issues de ces milieux polonais établis en Suède. L'apport de jeunes prêtres polonais, nés et formés en Pologne, continue donc à ce jour. Les vocations suédoises sont également rares. Les conversions, quant à elles, se limitent à une centaine par année, chiffre assez peu impressionnant. Il existe, par ailleurs, un certain nombre de convertis suédois de date moins récente, parmi lesquels les universitaires ne manquent pas, mais ils sont souvent restés proches de l'héritage luthérien (ce qui pourrait expliquer certaines réticences envers la messe dite tridentine). Ils ne se démarquent du reste pas vraiment, lors des débats de société, de l'idéologie dominante propagée par les grands médias. La lutte contre le relativisme et contre la culture de mort que condamnait Jean-Paul II reste donc discrète.


2) Précisément : jusqu'à la nomination en 1998 de Mgr Arborelius comme évêque de Stockholm - donc de Suède puisque c'est le seul diocèse du pays -, aucun Suédois n'avait occupé ce siège depuis sa création en 1953. Cette succession de prélats étrangers, associée au fait que plus d'un prêtre sur trois et de très nombreux fidèles sont d'origine polonaise, a fait que beaucoup de Suédois considéraient le catholicisme comme une religion étrangère. Est-ce encore le cas ? Qu'en est-il des vocations dans le pays ?

Il est vrai que, depuis la Réforme, il n'y avait plus eu d'évêque catholique suédois. Toutefois, dès le XIXe siècle, Rome nomma des Vicaires apostoliques allemands. Or, à l'époque, et ce jusqu'à assez récemment, les Suédois se sentaient très proches de l'Allemagne du nord. Du reste, ces prélats allemands envoyés dans notre pays firent beaucoup pour que le catholicisme de Suède fût pleinement suédois.

Ainsi tenta-t-on de renouer avec l'héritage suédois d'avant la Réforme. Le clergé, souvent allemand et jésuite, étudiait la culture et la mentalité suédoises, se les appropriait. On vit même un certain nombre de Suédois illustres, parmi lesquels des gens de lettres, se convertir. À vrai dire, si, le catholicisme était alors considéré comme un fait étranger, les raisons en étaient idéologiques plus qu'autre chose. Le catholicisme suédois des années 1920 ou 1950 se voulait suédois. Aujourd'hui, il se veut multiculturel. Quelque chose a changé.


3) Il y a quelques années, la conversion d'un pasteur luthérien suédois et son entrée dans la Fraternité saint Pie X avait attiré l'attention des médias : quel est l'état du protestantisme suédois ? On sait qu’en Allemagne notamment, au sein du luthéranisme, un mouvement qui n’est pas sans rappeler le Mouvement d’Oxford au siècle dernier dans l’anglicanisme, et qui a des analogies avec le Mouvement liturgique catholique, s’est amplifié dans les années trente en s’appuyant sur les travaux de Solesmes et en redécouvrant la liturgie latine et le chant grégorien. Il a des prolongements aujourd’hui comme le Liturgischer Singkreis Jena en Thuringe. Le luthéranisme suédois est-il lui aussi traversé, comme l'anglicanisme ou comme le luthéranisme allemand, par un courant de type “ Haute Église ”, attentif à ce qui se passe à Rome, notamment en matière de retour à une liturgie plus digne et christocentrée ?

Le protestantisme luthérien d'État est moribond. Cette évolution s'est nettement accélérée ces dernières années avec l'alignement de l'église d'État sur les conceptions morales les plus désordonnées. Ainsi compte-t-on aujourd'hui des évêques ouvertement homosexuels défendant le " droit " à l'avortement comme une évidence. Les fidèles sont âgés, voire fort âgés ; le clergé influent se préoccupe bien davantage d'idéologie du genre que de théologie ou de vie intérieure. Il n'y a d'ailleurs pas de lien véritable entre les fidèles, pour la majorité de tendance plus ou moins classique, et un clergé – souvent féminin – de plus en plus " radical ". Les pasteurs plus classiques n'ont plus voix au chapitre. L'église luthérienne ne tient plus que grâce à une économie encore très solide du fait de l'impôt prélevé directement par l'état. Combien de temps ce système sera-t-il encore viable ? Nul ne le sait.

Il existe bien une Haute Église, ainsi que d'autres tendances (plus luthériennes) opposées aux modernisme et relativisme ambiants, mais elles sont désormais structurellement et irrémédiablement marginalisées. Le pragmatisme suédois ne leur a manifestement pas réussi. Ils ont attendu infiniment trop longtemps pour réagir ; il est maintenant trop tard. Pour le reste, le climat intellectuel suédois étant très insulaire, ce qui se fait à Rome n'a quasiment aucune incidence sur la Haute Église, au sein de laquelle on se contente en général de lire Signum, le magazine des jésuites suédois (issus de la province allemande), pour s'informer de " la chose catholique ". Or, ce magazine n'a jamais ne serait-ce que mentionné le sujet auquel vous touchez. Pour terminer, il faut signaler la présence, sur le sol suédois, d'un certain pentecôtisme d'extraction américaine.


4) Depuis décembre, la Suède compte quatre messes dominicales hebdomadaires selon la forme extraordinaire dans un cadre diocésain. On dénombre en tout neuf lieux de messe traditionnelle dans le pays, dont six diocésains et trois relevant de la FSSPX : quelle était la situation avant le Motu Proprio Summorum Pontificum ?

Avant le Motu Proprio, il n'y avait tout simplement pas de messe dominicale dans le rit grégorien, hormis celle, mensuelle, de la Fraternité Saint-Pie X. L’Institut du Christ-Roi effectuait des séjours réguliers en semaine. Un dialogue avec l'évêque était engagé. C'est tout.


5) L'association à la mémoire du cardinal Dante, que vous représentez, fédère les amis suédois de l'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre qui dispose désormais d'un apostolat permanent dans le pays. Pouvez-vous nous présenter la mission et l'action de votre association ? Et pourquoi avoir choisi de vous placer sous la protection du cérémoniaire de Pie XII ?

Au début de l'été 2000, un petit groupe de catholiques suédois se rendit à Gricigliano, le séminaire de l'Institut du Christ-Roi, pour l'ordination d'un prêtre ami. Ils y rencontrèrent le regretté Michael Davies qui, au détour d'une conversation du reste passionnante, leur demanda pourquoi il n'y aurait pas une association suédoise plus ou moins apparentée à Una Voce. Une fois plantée, l’idée germa. Divers mariages et baptêmes furent autant d'occasions d'inviter des prêtres de l'Institut à venir en Suède. Le lien était désormais établi. En outre, Mgr Arborelius venait d'être sacré évêque, et nous vîmes rapidement que nous pouvions compter sur une certaine bienveillance paternelle de sa part. De ce côté-là aussi, la Providence nous souriait. Dans un accès d'enthousiasme juvénile, il fut alors décidé de tenter l'impossible et d'œuvrer à un établissement de l'Institut en Suède. À l'époque, cela paraissait insensé. Plus de sept ans plus tard, l'impossible s'est réalisé. La Providence se sert parfois de la folie des jeunes gens.

Dans un pays profondément influencé par la Réforme, il nous semblait que les questions de nature et de grâce ne pouvaient être que centrales (on connaît les erreurs de Luther et Calvin sur ce point). Ceci est vrai aussi de notre époque, où la nature est soit méconnue, soit déformée, et la grâce systématiquement niée. L'équilibre catholique, en ce domaine, est absolument admirable, mais est-il suffisamment connu ? L'est-il seulement des catholiques eux-mêmes ? Nous souhaitions donc planter notre engagement au profit de la liturgie traditionnelle dans un cadre plus vaste, dans une réflexion sur la relation entre nature et grâce, culture et culte, civilisation et religion. L'accent mis par l'Institut sur ces questions nous convenait parfaitement.

En tout ceci, nous avons voulu que l'amour et le soin de la liturgie nous guidassent. Le manque de piété et d'adoration, Jean Madiran ne cesse de le répéter, est à la racine du mal moderne. Or, la liturgie est l'école de la piété, tant naturelle que surnaturelle. D'où l'importance que nous attachons à une liturgie soignée, ainsi qu'au chant grégorien. Ainsi, les messes de l'Institut en Suède sont-elles intégralement chantées, chaque dimanche, aussi bien à Stockholm qu'à Lund. Du fait de la régularité de nos activités, et suite au dialogue fructueux entretenu depuis plusieurs années avec l'évêché, Mgr Arborelius nous confie certaines missions, telle la diffusion des informations relatives aux célébrations liturgiques selon l’usus antiquior. Notre site Internet connaît un certain succès. Nous avons aussi traduit le texte du Motu Proprio Summorum Pontificum en suédois. Également, nous avons publié le premier missel suédo-latin depuis les années 1960 : Missale Parvum.

Le choix du cardinal Dante n'a rien d'insolite. Il suffit de consulter les photographies romaines des années préconciliaires et même conciliaires pour être attiré par cette figure qui, malgré sa discrétion, se démarque : Enrico Dante vivait, dans la fidélité et la simplicité, une conception riche, complexe et enracinée de la liturgie romaine. Il sut aussi incarner un idéal sacerdotal et humain retenant le meilleur de notre héritage catholique et européen. (Comment ne pas penser, aujourd'hui, à l'abbé Quoëx, prématurément rappelé à Dieu ?) Il n'est certes pas assez connu, mais ce n'est pas vraiment un argument. Signalons, par ailleurs, que notre petite association a voulu se placer sous la protection de sainte Brigitte et de saint Éric, roi suédois qui souffrit le martyr le 18 mai 1160.


6) Quel est l'accueil réservé à la liturgie traditionnelle en Suède ?

Il est sans doute trop tôt pour se prononcer avec trop d'assurance. Les Suédois ne sont pas un peuple impulsif. Il est certain que le sujet reste encore trop peu connu, voire méconnu, même du clergé. Rappelons-le : ce qui se passe à Rome est mal relayé auprès des catholiques de Suède. C'est aussi une question de génération. Car parmi ceux qui montrent un attrait plus prononcé, il y a beaucoup de jeunes. Internet y est assurément pour quelque chose. Encore faut-il que ces jeunes connaissent un peu leur foi, ce qui ne va plus de soi. Heureusement, il y a également des conversions, notamment de luthériens ou de non croyants que la liturgie de Paul VI ou une certaine herméneutique de la rupture tenaient éloignés de l'Église. Quelques prêtres diocésains participent de cette évolution favorable à la liturgie traditionnelle. La présence de l'Institut du Christ-Roi devrait également y contribuer, mais il est encore trop tôt pour en juger.


7) Enfin, quels sont vos projets ou vos espérances pour l'année à venir ?

Nous espérons contribuer à la diversification des activités de l'Institut en Suède, et voir affermir sa présence. Nous continuerons bien entendu d'œuvrer en faveur du chant grégorien. Nous souhaitons aussi organiser des conférences, et à cet effet inviter des prêtres, religieux et penseurs issus ou proches de la mouvance traditionnelle en Europe. Imaginez ce que pourrait apporter, à un monde suédois par trop insulaire et matérialiste, la visite d'un R.P. Lang de l'Oratoire, d'un abbé Barthe ou d'un Martin Mosebach ! Nous lançons aussi, pour la première fois cette année, un pèlerinage de l'Ascension à Vadstena, ville de sainte Brigitte. En 2013, si Dieu veut, nous accueillerons des pèlerins venus d'Italie, de France, d'Allemagne, d'Angleterre et de Pologne.



LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE


1 – Le cas de la Suède donne une belle raison d'espérer à tous ceux qui, à travers le monde, sont attachés à la forme extraordinaire et partisans de la paix liturgique. C'est quasiment un cas d'école pour l'application du Motu Proprio Summorum Pontificum en terrain hostile. L'exposé historique et culturel de l'Association à la mémoire du cardinal Dante est particulièrement éclairant sur ce point : dans un contexte d'une difficulté rare, une poignée de catholiques déterminés a eu raison d'espérer contre toute logique humaine et de se battre pour obtenir l'impensable. Quelle belle leçon de militantisme pour tous ceux qui, découragés par les oppositions cléricales, ont fini par renoncer et abandonner leur demande ! Si le développement de la messe traditionnelle est possible en Suède, c'est qu'il l'est partout dans le monde. Encore faut-il le vouloir vraiment. L'exemple de cette poignée de catholiques décidés devrait également faire réfléchir sur l'attitude qui consiste à se satisfaire de la célébration de la messe traditionnelle dans des réserves d’Indiens, dans des ghettos, fussent-ils dorés. La messe traditionnelle doit retrouver droit de cité dans toutes les paroisses.

2 – Le constat d'une Église d'État qui se laisse mourir, accueillant largement les pires théories que la loi naturelle condamne, ouvre la voix à une pratique religieuse identitaire dont la forme exprime clairement le fond. Quand on lit les écrits du cardinal Ratzinger et les considérations de Benoît XVI concernant le Motu Proprio qu’il a signé, il n’est pas exagéré de dire que, selon lui, la liturgie traditionnelle est une référence liturgique décisive. Le décalage entre le clergé sécularisé et vieillissant d'une part et la jeunesse séduite par le Motu Proprio est particulièrement rassurant pour l'avenir. Il n'est pas sans nous faire penser à ce que l'on peut voir dans certains diocèses de France, véritables parcs d'attraction préhistoriques qui en sont restés à l'âge de l'interdiction pratique de la messe traditionnelle ou de son développement.

3 – Même si le Motu Proprio Summorum Pontificum s'adresse avant tout aux curés, l'évêque reste le modérateur de son diocèse. Nous, Français, le savons fort bien… et l'exemple suédois nous montre précisément combien un évêque accueillant peut être facteur de paix pour son diocèse en facilitant l'accueil de la forme extraordinaire. Cela pose la question brûlante des nominations épiscopales : la restauration de Benoît XVI a besoin d'évêques Summorum Pontificum.

4 – Enfin, l'exemple de la Suède prouve une fois encore que l'attachement à la forme extraordinaire du rit romain n’est ni une question franco française ni le monopole des fidèles qui ont fait le choix de suivre le mouvement de Mgr Lefebvre. La liturgie traditionnelle est la richesse de toute l'Église, de chacun des fidèles et des prêtres du monde entier. Même là où elle a été absente pendant des décennies, des fidèles qui ne l'avaient pourtant jamais connue, la découvrant, se mettent à aimer cette forme liturgique et désirent dès lors s'y sanctifier. Belle réponse a ceux qui voient dans l'application du Motu Proprio un retour en arrière. Où est le retour en arrière pour tous ces fidèles à qui l'on avait caché ce trésor et qui le découvrent seulement maintenant grâce à la détermination de quelques-uns et à la bienveillance et à la justice de Benoit XVI ? Voici également un démenti envers ceux qui tentent de limiter le nombre des catholiques attachés à la forme extraordinaire à ceux qui la pratiquent déjà dans les lieux de culte dédiés à cette forme. Avec un tel raisonnement on pouvait conclure hier que la messe traditionnelle n'intéressait personne en Suède puisqu'elle n'était pas ou quasiment pas célébrée. Pourtant, dès que l'expérience est devenue possible, des fidèles qui n'avaient jamais rien demandé voire qui ignoraient tout de cette liturgie se sont mis à la pratiquer. Simplement grâce à la détermination d'une poignée de catholiques courageux. Ce qui se passe en Suède vérifie une fois de plus la grande tendance révélée par les sondages de Paix liturgique : une quantité significative de fidèles aime et veut la messe traditionnelle. Encore faut il que leurs pasteurs leur en offrent la possibilité.

[1] Le cardinal Enrico Dante est une figure mythique pour les liturgistes de la forme extraordinaire, figure étroitement liée à celle de Pie XII. Préfet des cérémonies pontificales de 1947 jusqu'à sa mort en 1967, il fut en fait très apprécié de Jean XXIII qui, beaucoup plus que son prédécesseur, goûtait le faste et la longueur des cérémonies papales.

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